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vers 1770, mort en 1854, se marie vers 1810 avec Barbara-Alexandra Mouravieff (née vers 1791, morte en 1863), la mère de Bakounine ; le grand-père de celle-ci (M.-I. Mordvinoff, 1730-1782) avait deux filles, dont une se maria avec N.-N. Mouravieff, le père de Mouravieff le Pendeur, l’autre épousa le conseiller d’État A. Mouravieff et la mère de Bakounine fut sa fille.

Quant à la famille du père de Bakounine, la tradition, telle qu’elle est reproduite dans les ouvrages de généalogie russe, lui donne une origine transsylvanienne. Un certain Zenislav serait venu en Russie sous le règne d’Ivan le Grand, provenant de la famille de Bator, etc., et dans le blason de la famille Bakounine se trouvent deux Hongrois ; donc la tradition peut être bien une explication postérieurs de ce blason ; du reste, je n’ai ni connaissances, ni loisir, ni même intérêt d’élucider cette question. On mentionne Ivan Bakounine au XVIe siècle, puis Eudokime, Nikifore (1623) ; un petit-neveu de celui-ci est Mikhaïl-Ivanovitch Bakounine (sous le règne de Pierre Ier), son fils Basile-M. Bakounine (mort en 1766, le grand-père de M. Bakounine) ; un des fils de celui-ci fut Pierre cadet (1731 ou 1734-1786), le diplomate, membre du collège des Affaires étrangères (1780-1783) ; un autre fils fut Mikhaïl-V. Bakounine (mort vers 1806), le grand-père de M. Bakounine (marié avec Liouloff Petrovna, morte vers 1815).

Ou Bakounine se trompa sur l’âge de son père ou celui-ci retourna en Russie avant l’âge de trente-cinq ans (1805) : il se maria âgé de quarante ans et ce fut en 1810. Car déjà en 1800 A.-Ch. Vestokov le visite à Priamoukhino. Il fut, à la dernière époque de son séjour à l’étranger, attaché à l’ambassade russe de Naples où il vit d’assez près les événements violents de l’époque. Sur sa participation au mouvement décembriste je ne trouve de renseignements que dans la Vie de Mouravieff le Pendeur, par D.-A. Kropotoff (1874), qui le montre sous une lumière assez réactionnaire, désabusé déjà par ce qu’il avait vu en Italie ; mais il faut attacher plus de foi à ce que dit Bakounine qu’aux souvenirs de ce Mouravieff, alors impliqué lui-même dans les sociétés secrètes, mais auquel le vieux Bakounine, connaissant son caractère abominable, ne crut peut-être pas bon de dire toute sa pensée. Autrement, même dans ce livre et partout ailleurs, on parle avec la plus grande estime de A.-M. Bakounine ainsi que de toute la famille. (Voir les descriptions enthousiastes de Stankievitch, qui l’appelle « l’idéal d’une famille) », de Ryelinski, etc. ; voir ce qu’écrit Tourgueneff dans une lettre de 1862 : « Tous les vrais négateurs que j’ai connus, tous, sans exception, Byelinski, Bakounine, Herzen, Dobroliouboff, Spyeshuyéeff, etc., provenaient de parents relativement bons et honnêtes et c’est d’une grande signification. Cela ôte aux négateurs toute ombre d’acharnement et d’irritabilité personnelles. Ils entrent dans leur carrière seulement parce qu’ils ont plus soin de l’avancement de la vie populaire… » )