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CONTRIBUTIONS
À LA

BIOGRAPHIE DE MICHEL BAKOUNINE


Remarque introductoire


Ce n’est que dans ces deux ou trois dernières années qu’une foule de documents inédits publiés pour la première fois ont commencé à élucider les parties moins connues de la vie de Bakounine, et même pour les fractions de cette vie que l’on croyait assez bien connues, une abondance de faits nouveaux et surprenants s’offrent. Ne citons, sauf les publications d’écrits théoriques d’après des manuscrits ou de rares publications, que l’étude sur ses relations avec Byelinsky (par Milioukoff), la grande correspondance avec Herzen, Ogareff et autres (publiée par Dragomanoff), la correspondance avec Georges Herwegh (de 1843 à 1849, publiée récemment par un fils du poète)[1], la lettre à Celso Cerretti (Société nouvelle, 1896), les souvenirs d’Auguste Reichel (supplément littéraire de la Révolte, 1893), etc.

J’ai essayé d’établir avec ces matériaux et nombre d’autres une biographie de Bakounine qui sera surchargée de détails minutieux pour

  1. Dans une de ces lettres, écrite à Berlin en l’été de 1848, nous trouvons, ce qui est, à notre connaissance, la première observation directement anarchiste qu’on a découverte jusqu’ici. Après avoir fait l’éloge du discours bien connu de Proudhon du 31 juillet, il remarque que, malgré cela, si Proudhon arrivait au gouvernement, nous serions probablement forcés de le combattre, car, en somme, lui aussi a son petit système derrière lui. « Du reste, ajoute Bakounine, le temps de la vie parlementaire, des assemblées et constituantes est passé et l’intérêt pour ces vieilles formes n’existe plus ou n’est que forcé et imaginaire.

    « Je ne crois pas à des constitutions et à des lois ; la meilleure constitution ne saurait pas me satisfaire. Nous avons besoin d’autre chose : de la tempête et de la vie et d’un monde nouveau, sans lois, et par cela même, libre (eine neue, gezetzlose und darum freie Welt). (V. 1848, Briefe von und am Georg Herwegh, Munich, 1896, p. 23.)