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LA SOCIÉTÉ NOUVELLE

civilisés comme vous l’êtes à Birmingham, les semer autour des collines de Lickey, de vos parcs publics et autres lieux semblables ? Et si vous ne le faites pas, je ne puis trouver en vérité assez de mots pour vous en féliciter. Quand nous autres, Londoniens, nous faisons une partie de plaisir à Hampton Court, par exemple, nous prenons un soin spécial à montrer à tout le monde que nous avons de quoi manger. De sorte que le parc, juste devant le grillage (et c’est un endroit charmant) donne l’impression comme s’il avait neigé de sales papiers. Je compte que vous tous qui êtes ici présents, vous vous efforcerez d’en finir avec cette vilaine habitude, qui est un exemple pris au milieu de maint autre du même genre, tout comme le mauvais effet de la fumée. J’entends parler de faits tels que griffonner des noms sur les monuments, arracher des branches d’arbres et autres choses semblables.

Je suppose que le moment n’est pas encore venu dans le réveil des arts pour exprimer le dégoût qu’inspire la façon horrible, empirant chaque jour, dont les afficheurs vont barbouiller toutes nos villes. Nous devrions néanmoins ressentir de l’aversion pour ces horreurs et prendre la résolution de ne jamais rien acheter des objets recommandés par une pareille publicité.

Je me refuse à croire qu’ils puissent valoir grand’chose, s’ils ont besoin de toute cette réclame pour se vendre.

Je dois vous demander encore : Que faites-vous des arbres qui croissent du côté du chemin où l’on va bâtir ? Chercherez-vous à les épargner, à y adapter vos maisons ? Comprenez-vous quel trésor ils sont dans une ville ou dans un faubourg ? Quelle compensation pour ces affreux trous de chien que, Dieu le pardonne, vous allez peut-être édifier à leur place ? Je vous le demande non sans appréhension et tristesse, car à Londres et dans ses faubourgs, nous commençons toujours par raser toute végétation jusqu’à ce que la route soit aussi nue que le pavé[1]. Je suis persuadé que tout homme aurait été révolté si j’avais pu lui montrer quelques-uns de ces arbres, assassinés sans raison dans le faubourg que j’habite (Hammersmith), et entre autres quelques-uns de ces cèdres magnifiques qui, nous autres riverains, nous ont rendus longtemps célèbres.

Voyez encore combien sont impuissants ceux qui ont le souci de l’art et de la nature au milieu de la précipitation de ce siècle du commerce.

N’oubliez pas, je vous prie, que celui qui coupe un arbre, inutilement ou à la légère, surtout dans une grande ville ou dans ses faubourgs, celui-là ne peut prétendre à l’art.

Que pourrons-nous de plus, qu’aider à faire notre éducation à nous et

  1. Pas absolument toujours : dans le petit quartier de Bedford Park, Chiswick, on a laissé autant d’arbres que possible pour le plus grand profit de son architecture habile et gracieuse.