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« Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous ? Si quelqu’un détruit le temple de Dieu, Dieu le détruira ; car le temple de Dieu est saint, et c’est ce que vous êtes. » (Saint Paul, I Corinthiens, III, 16). — C’est ce que l’on ne peut pas assez mépriser…

« Ne savez-vous pas que les saints jugeront le monde ? Et si c’est par vous que le monde est jugé, êtes-vous indignes de rendre les moindres jugements ? » (Saint Paul, I, Corinthiens, VI, 2) Malheureusement, ce n’est pas seulement la parole d’un fou enfermé… Cet épouvantable imposteur continue mot à mot : « Ne savez-vous pas que nous jugerons les anges ? Et nous ne jugerions pas, à plus forte raison, les choses de cette vie ?… »

« Dieu n’a-t-il pas convaincu de folie la sagesse du monde ? Car puisque le monde, avec sa sagesse, n’a point connu Dieu dans la sagesse de Dieu, il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication… Parmi vous qui avez été appelés, il n’y a ni beaucoup de sages selon la chair, ni beaucoup de puissants, ni beaucoup de nobles. Mais Dieu a choisi les choses folles du monde, pour confondre les sages ; Dieu a choisi les choses faibles du monde, pour confondre les forts ; et Dieu a choisi les choses viles du monde et celles qu’on méprise, celles qui ne sont rien, pour réduire au néant celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie devant Dieu. » (Saint Paul, I, Corinthiens, I, 20 et suiv.). — Pour comprendre ce passage, un témoignage de tout premier ordre pour la psychologie de toute morale de Tchândâla, qu’on lise la première partie de ma Généalogie de la morale : pour la première fois, j’y ai mis en lumière le contraste entre une morale noble et une morale de Tchândâla, née de ressentiment et de vengeance impuissante. Saint Paul était le plus grand des apôtres de la vengeance…


XLVI


Qu’est-ce qui s’ensuit ? Qu’on fait bien de mettre des gants, quand on lit le Nouveau Testament. Le voisinage de tant de malpropreté y oblige presque. Nous fréquenterions des « premiers chrétiens » tout aussi peu que des juifs polonais : ce n’est pas qu’on ait même besoin de leur reprocher la moindre des choses… Tous les deux ne sentent pas bon. — J’ai cherché en vain dans l’Évangile ne fût-ce qu’un seul trait sympathique ; rien ne s’y trouve qui soit libre, bon, ouvert, loyal. L’humanité n’y a pas encore fait son premier commencement, — les instincts de propreté manquent… Il n’y a que de mauvais instincts dans le Nouveau Testament, il n’y a pas même le courage de ces mauvais instincts. Tout y est lâcheté, yeux fermés,