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1ere ANNEE

SAMEDI 31 MARS 1860.

N° 5

LA SAVOIE DU NORD

JOURNAL POLITIQUE & COMMERCIAL

PARAISSAIT A BONNEVILLE LE SAMEDI

ABONNEMENTS: pour les Etats Santes, 5 fr : pour l’étranger, 7 fr On s’abonne à Bonneville, à l'imprimerie; à Genève, chez M. Hahn Rive, 2. 4e étage et chez tous les libraires.

ANNONCES: 10 centimes la ligne. Réclames 50 centimes la ligne. Les lettres et envois doivent être adressé franco au bureau du journal, imprimerie Hahn.

Bulletin politique.

Le traité par lequel S M. le roi de Sardaigne consent, sous la réserve de la sanction des Chambres, à la réunion de la Savoie et de l’arrondissement de Nice à la France, a été signé aujourd’hui a Turin. En voici les principales dispositions :

« Art. 1er Le roi de Sardaigne consent a la réunion de la Savoie et de l’arrondissement de Nice à la France et renonce pour lui et ses successeurs, en faveur de l’empereur des Français. à ses droit sur ces territoires. Cette réunion sera effectuée sans nulle contrainte de la volonté des populations, et les deux gouvernement se concerteront sur les meilleurs moyens d’apprécier et de constater les manifestation de cette volonté.

« Art. 2. Le roi de Sardaigne transfère les parties neutralisées de la Savoie aux conditions auxquelles il les possède lui-même, et l’empereur promet de s’entendre à ce sujet tant , avec les puissances représentées au congrès de Vienne qu’a- ’ vec la Confédération helvétique

« Art 3. 4 et 5. Des commission ? mixtes détermineront les frontière ? de ? deux états eî seront chargées de résoudre les diverses que ?tions incidente ? auxquelles donnera lieu la réunion

- An. 6. Le ? sujets sardes originaire ? de la Savoie et de l’arrondissement de Nice jouiront pendant l’espace d’une an- ’ née de la faculté de réclamer la conservation delà nationalité sarde. »

Le sort de nos provinces n’est pas encore décidé, il faut encore attendre le consentement des grandes puissances et l’expression des vœux du peuple, manifesté sans contrainte.

Berne, 28 mars.

M. de Cavour écrit au Conseil fédéral qu’il est d’accord avec la France pour lui déclarer que le territoire neutralisé de la Savoie ne sera pas oc- i cupé par les troupes françaises. S’il en devait être autrement, le cabinet sarde serait le premier à s’y opposer.

Berne, même date, six heures du soir. Aujourd’hui, nouvelle note verbale de la France. La France voudrait apaiser les inquiétudes de la Suisse. L annexion des provinces neutralisées ne se fera que d’accord avec la Suisse elle-même ei les puissances signataires du traité de Vienne ? La France reconnaît qu elle n’a d’ailleurs sur ces provinces que les droits de la Sardaigne et rien de plus. Le Conseil fédéral doit en eonséuence chercher à calmer l’excitation qu’a prouite en Suisse le projet d’annexion. Le Journal de Genève publie in extenso le discours prononcé par lord John Russel dans la chambre des communes du 26 mars, relativement à la question de la Savoie neutralisée et de ses rapports avec la neutralité suisse. Ce journal fait sur ce discours les réflexions suivantes : « Ce discours est un grand événement. Quand j bien même la Suisse serait indifférente dans la question de Savoie, qui a provoqué le discours du ministre anglais, nous ne pourrions, sans un vif sentiment de joie, voir l’Angleterre renoncer aux théories de celte politique d’abstention qui, à la fin, préparait son abaissement et exposait aux périls les plus graves les peuples libres et les F.iats faibles. Mais cette joie s’augmente d une sincère gratitude quand nous considérons que c’est précisément une juste vue des dangers que nous courons qui a provoqué un changement de politique si notable.

C’est aux applaudissements enthousiastes de la chambre que lord John Russel a déclaré que le gouvernement anglais prenait en main la cause de la Suisse et la question des provint’* neutralisées. >>

Les élections politiques ont eu lieu à Bonneville. et M. l’elloux a été nommé député.

Il est vrai que M. l’elloux était le candidat présenté par La Roche, cette Béotie du Faucigny ; il est vrai qu’il était soutenu par les Coryphées du parti français de Bonneville, qui avaient été ses plus fougueux adversaires il y a deux ans. lors des élections de la dernière chambre, ei qui l’avaient violemment attaqué et discrédité dans l’opinion publique ; à ces litres il devait triompher et il a triomphé.

Mais nous ne considérons point ce résultat comme une défaite, nous ne tenons point ces élections comme manifestant les vœux populaires. Cette volonlé, ces tendances du pays, nous ne les connaîtrons que par le suffrage universel ; si l’on a fait voter tout le peuple français pour l’empire. si l’on a fait voler en masse les populations de l’Emilie et de la Toscane, on nous donnera le même droit et les mêmes garanties, et on respectera un principe consacré en Europe. L’empereur lui-même l’a déclaré hautement, en nous réservant une manifestation, qu’il n’a pu vouloir restreindre à une seule classe de citoyens, c’est-à-dire aux seuls électeurs politiques. Les élections de Bonneville n’ont donc am-une importance pour la grande question qui se discute aujourd’hui.

El d’ailleurs que sont ces élections qui le< a faites ? quels moyens a-t-on mis en œuvre ? Les employés, les ambitieux, les fanatiques et les dupes, tels sont ceux qui se sont rués avanthier vers l’urne électorale : les employés qui. la plupart étrangers et hostiles à Bonneville, ne voient d’ailleurs que leurs places et leurs traitements à conserver, pour qui tout se résume en une misérable question de salaire, et dont 1 avenir s’incarne dans un collet brodé ou un gallon de plus à leur toque de juge ; les ambitieux qui veulent leur part à la curée qu’ils espèrent : les fanatiques