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Chap. XIX, 2.
Chap. XIX, 14.
LIVRE DE LA SAGESSE.

Car Dieu savait d’avance quelle serait leur conduite :
2Qu’après avoir permis aux justes de s’en aller,
et pressé leur départ avec grande instance,
ils en auraient du regret et se mettraient à leur poursuite.
3En effet, ils n’avaient pas encore achevé leurs deuils[1],
et ils se lamentaient encore aux tombeaux de leurs morts,
qu’ils s’engagèrent dans un autre dessein de folie,
et poursuivirent comme des fugitifs
ceux qu’ils avaient conjurés de s’éloigner.
4Une juste nécessité les entraînait à cette fin,
et leur faisait oublier ce qui venait de leur arriver,
afin qu’ils subissent dans la pleine mesure le châtiment
qui manquait encore à leurs précédents supplices,
5et que, tandis que votre peuple bénéficiait d’un glorieux passage,
ils trouvassent une mort étrange.

6Car la création tout entière fut transformée dans sa nature,
obéissant aux commandements particuliers qui lui étaient donnés,
afin que vos enfants fussent conservés à l’abri de tout mal.
7Ainsi on vit une nuée couvrir le camp de son ombre ;
là où il y avait auparavant de l’eau, apparut la terre ferme ;
la mer Rouge ouvrit un libre passage,
et les flots impétueux se changèrent en un champ de verdure[2].
8Ils y passèrent, — toute une nation, — protégés par ta main,
ayant sous les yeux de merveilleux prodiges.
9Comme des chevaux en pâturage,
comme des agneaux bondissants,
ils vous glorifiaient, Seigneur, vous, leur libérateur[3].
10Car ils se rappelaient encore ce qui s’était passé
en leur séjour au pays étranger :
comment, à la place des autres animaux,
la terre avait produit des moustiques,
et le fleuve, au lieu de poissons, une multitude de grenouilles.

11Plus tard, ils virent encore une étrange production d’oiseaux,
lorsque, poussés par la convoitise,
ils demandèrent une nourriture délicate :[4]
12pour les satisfaire, des cailles[5] montèrent du côté de la mer.

13Mais le châtiment tomba sur les pécheurs,
non sans être signalé d’avance par de violents éclairs[6].
Il souffrirent justement pour leurs crimes,
14car ils avaient montré pour l’étranger la haine la plus odieuse.
D’autres n’avaient pas voulu recevoir des gens
qui ne les connaissaient pas ;
ceux-là avaient réduit en esclavage des étrangers qui leur avaient fait du bien.[7]

  1. XIX, 3. Achevé leurs deuils : litt., ils avaient encore les deuils dans leurs mains.
  2. 7. Le camp des Hébreux : voy. Exod. xiii, 21 sv. ; xiv, 19 sv. — Un champ de verdure : amplification poétique.
  3. 9. M. à m., ils paissaient comme des chevaux, bondissaient comme des agneaux, tous glorifiant etc.
  4. 11. Voy. Exod. xvi, 13 ; Nombr. xi, 13. CoMp. Ps. lxxviii, 26 sv.
  5. 12. Des cailles, apportées par le vent qui soufflait du côté de la mer (Nombr. xi, 31).
  6. 13. De violents éclairs : Josèphe (Antiq. II, xvi, 3) rapporte que le jugement sur les Égyptiens fut précédé d’une tempête violente accompagnée de pluies, de grêles et de tonnerre. Le Psalmiste y fait allusion Ps. lxxviii, 13, 14. Comp. Exod. xiv, 24 sv. — Dans la Vulg., le vers. 13 est rattaché au vers. 12, en sorte que, jusqu’au vers. 21, la Vulg. est en retard d’un vers, sur le grec.
  7. 14. sv. Dans ce passage l’auteur pallie la conduite infâme des habitants de Sodome à l’égard des deux anges qui vinrent visiter Lot (Gen. xix). — D’autres, les habitants de Sodome. — Qui ne les connaissaient pas, avec qui ils n’avaient jamais eu de rapport et envers qui ils n’étaient obligés en rien. — Des étrangers etc., les Hébreux qui avaient sauvé l’Égypte au temps de Joseph. Comp. Exod. i, 7. La conduite des Égyptiens est donc, sous ce rapport, plus coupable que celle des Sodomites.