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À propos des insensés (xxvi, 3-12).

3Le fouet est pour le cheval,
 le mors pour l’âne et la verge pour le dos des insensés.
4Ne réponds pas à l’insensé selon sa folie,
 de peur de lui ressembler toi-même.
5Réponds à l’insensé selon sa folie,
 de peur qu’il ne se regarde comme sage.
6Il se coupe les pieds, il boit l’iniquité,
celui qui donne des messages à un insensé.
7Ôtez les jambes au boiteux,
est la sentence de la bouche de l’insensé.[1]
8C’est attacher une pierre à la fronde[2], que de rendre gloire à un insensé.
9Comme une épine qui s’enfonce dans la main d’un homme ivre,
ainsi est une sentence dans la bouche des insensés.
10Comme un archer qui blesse tout le monde,
ainsi est celui qui prend à gage les insensés et les passants.[3]
11Comme un chien qui retourne à son vomissement,
ainsi est un insensé qui revient à sa folie.[4]
12Si tu vois un homme qui est sage à ses yeux,
il faut plus espérer d’un insensé que de lui.

Le paresseux (xxvi, 13-16).

13Le paresseux dit : “Il y a un lion sur la route,
il y a un lion dans les rues.”
14La porte tourne sur ses gonds,
ainsi le paresseux sur sa couche.
15Le paresseux met sa main dans le plat,
et il a de la peine à la porter à la bouche.
16Le paresseux est plus sage à ses yeux
que sept conseillers prudents.

17Comme celui qui saisit un chien par les oreilles,
tel est le passant qui s’échauffe dans la querelle d’autrui.[5]

18Comme un furieux qui lance des traits enflammés,
des flèches et la mort,
19ainsi est un homme qui a trompé son prochain
et qui dit : “Est-ce que je ne plaisantais pas.”

Le rapporteur (xxvi, 20-22).

20Faute de bois, le feu s’éteint ;
éloignez le rapporteur, et la querelle s’apaise.
21Le charbon donne un brasier[6] et le bois du feu :
ainsi l’homme querelleur irrite une discussion.
22Les paroles du rapporteur sont comme des friandises ;
elles descendent jusqu’au fond des entrailles.

Le haineux (xxvi, 23-26).

23Des scories d’argent appliquées sur un vase de terre,
telles sont les lèvres brûlantes avec un cœur mauvais.
24Celui qui hait se déguise par ses lèvres,
mais il met au dedans de lui la perfidie.

  1. 7b. Sens incertain.
  2. 8. Attacher une pierre à la fronde, c’est l’empêcher de partir et d’atteindre son but, c’est faire une chose absurde. Vulg. (premier membre) : c’est mettre une pierre au monceau de Mercure. Mercure était chez les païens le dieu des voyageurs ; on lui élevait de loin en loin sur les chemins des statues sans bras ni jambes, des Hermès, et chaque voyageur qui passait jetait devant elles une pierre en hommage. Les tas ainsi formés s’appelaient monceaux de Mercure.
  3. 10. Sens assez imprécis. Vulg. Le jugement décide les procès, et celui qui impose silence à l’insensé apaise les colères.
  4. 11. LXX ajoutent : Il y a une honte qui est source de péché, et il y a une honte qui n’est que gloire et grâce.
  5. 17. LXX. C’est prendre un chien par la queue que de présider à un procès étranger.
  6. 21. M. à m. : Le charbon pour le brasier et le bois pour le feu, ainsi l’homme querelleur pour irriter une discussion.