TROISIÈME PARTIE. [XXXVIII, 1 — XLII, 6.] DISCOURS DE DIEU.
1Alors Yahweh répondit à Job du sein de la tempête, et dit :[1]
2Quel est celui qui obscurcit ainsi le plan divin, par des discours sans intelligence ? 3Ceins tes reins, comme un homme : je vais t’interroger, et tu m’instruiras.
4Où étais-tu quand je posais les fondements de la terre ? Dis-le, si tu as l’intelligence. 5Qui en a fixé les dimensions ? Le sais-tu ? Qui a tendu sur elle le cordeau ? 6Sur quoi ses bases reposent-elles, ou qui en a posé la pierre angulaire, 7quand les astres[2] du matin chantaient en chœur, et que tous les fils de Dieu poussaient des cris d’allégresse ?
8Qui a fermé la mer avec des portes, lorsqu’elle sortit impétueuse du sein maternel ; 9quand je lui donnai les nuages pour vêtements, et pour langes d’épais brouillards ; 10quand je lui imposai ma loi, que je lui mis des portes et des verrous, 11et que je lui dis : « Tu viendras jusqu’ici, non au delà ; ici s’arrêtera[3] l’orgueil de tes flots » ?
12As-tu, depuis que tu existes, commandé au matin ? As-tu indiqué sa place à l’aurore, 13pour qu’elle saisisse les extrémités de la terre et qu’elle en secoue les méchants ; 14pour que la terre prenne forme, comme l’argile sous le cachet, et qu’elle se montre parée comme d’un vêtement ; 15pour que les malfaiteurs soient privés de leur lumière, et que le bras levé pour le crime soit brisé ?
- ↑ XXXVIII, 1. Job avait demande à plaider sa cause devant Dieu et contradictoirement avec lui (xiii, 22). Voici que Dieu paraît ; il va répondre à sa créature, mais répondre en Dieu. Il ne rendra pas compte de ses desseins, mais montrera à Job qu’il n’a pas le droit de leur refuser sa soumission. Pour cela, il fait passer sous ses yeux un tableau magnifique des merveilles de la création : toutes ces œuvres révèlent une sagesse, une providence, une adaptation parfaite des moyens aux fins ; elles attestent dans leur Auteur une bonté absolue et doivent apprendre à l’homme à accepter humblement et sans murmure tout ce que le Tout-Puissant peut ordonner ou permettre. Cette explication ne touche pas au côté philosophique de la question agitée ; mais elle fera descendre dans le cœur de Job des sentiments d’humilité et de résignation, qui prépareront pour lui le retour de la faveur divine.
- ↑ 7. Les astres et les anges ou fils de Dieu, forment l’armée (hébr. tsâbâ) du ciel, et comme la milice du Seigneur, appelé pour cette raison Dieu des armées (Elôhê Tsebaôth).
- ↑ 11. Ici s’arrêtera etc. M. à m. Ici on a placé une limite à l’orgueil de tes flots.