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36On verra si je ne la mets pas sur mon épaule, si je n’en ceins pas mon front comme d’un diadème ! 37Je rendrai compte à mon juge de tous mes pas, je m’approcherai de lui comme un prince.

38Si ma terre crie contre moi, si j’ai fait pleurer ses sillons ;[1] 39si j’ai mangé ses produits sans l’avoir payée, si je l’ai arrachée à ses légitimes possesseurs,[2]40qu’au lieu de froment il y naisse des épines, et de l’ivraie au lieu d’orge !

Ici finissent les discours de Job.[3]



DEUXIÈME PARTIE,
[XXXII, 1 — XXXVI, 24]
DISCOURS D’ELIU.
1. Chap. xxxii, 1 — xxxiii, 33 : Premier discours d’Eliu.Introduction (xxxii, 1-5), Eliu croyait à la sagesse des amis de Job, mais ils ne l’ont pas convaincu (xxxii, 6-14) ; à son tour, Eliu va verser au débat les paroles dont il est plein (xxxii, 15-22). Il invite Job à l’écouter sans crainte (xxxiii, 1-7). Job a eu tort de poser en innocent devant la majesté divine (xxxiii, 8-12). Il ne faut pas discuter avec Dieu, qui n’est pas obligé de répondre (xxxiii, 13, 14). S’il parle parfois par les songes (xxxiii, 15-18), il peut aussi parler par la maladie (xxxiii, 19-22). Qu’un ange intercesseur obtienne sa guérison (xxxiii, 23-25), et l’homme reconnaît que Dieu n’a pas proportionné le châtiment à sa faute (xxxiii, 26-30). Nouvel appel à l’attention de Job (xxxiii, 31-33).

Ces trois hommes cessèrent de répondre à Job, parce qu’il persistait à se regarder comme juste. 2Alors s’alluma la colère d’Eliu, fils de Barachel le Bouzite, de la famille de Ram. Sa colère s’alluma contre Job, parce qu’il se prétendait plus juste que Dieu. 3Elle s’alluma aussi contre ses trois amis, parce qu’ils n’avaient pas trouvé de bonnes réponse à lui faire et que néanmoins ils condamnaient Job.[4] 4Comme ils étaient plus âgés que lui, Eliu avait attendu pour parler à Job. 5Mais voyant qu’il n’y avait plus de réponse dans la bouche de ces trois hommes, il s’enflamma de colère.

6Alors Eliu, fils de Barachel le Bouzite, prit la parole et dit :[5]

Je suis jeune et vous êtes des vieillards ; c’est pourquoi j’étais effrayé et je redoutais de vous faire connaître mon sentiment.

  1. 38-40 se rattachent aux vers. 5-34. Les vers. 35-37 sont la conclusion de tout le développement.
  2. 39. Si je l’ai arrachée à ses légitimes possesseurs. D’autres, peut-être plus exactement : Si j’ai fait tendre l’âme à ses possesseurs.
  3. 40. Ici finissent etc. Cette formule est souvent considérée comme une addition postérieure, qui marque la fin de la discussion entre Job et ses amis. D’aucuns la relient à ce qui suit : Quand furent achevés les discours de Job, ces trois hommes, etc.
  4. XXXII, 3. Ils condamnaient Job. Une tradition de la Synagogue tenait qu’à l’origine le texte portait : Ils condamnaient Dieu.
  5. 6. Le Hir : « D’après ce jeune homme, plus sage que les vieillards, mais qui ne paraît pourtant pas tout à fait pur de présomption, Job est puni, non pour des crimes énormes, mais pour n’avoir pas tenu son cœur assez humble devant Dieu. Il fallait, pour le corriger d’un défaut qu’il ignorait lui-même, lui donner lieu d’éclater au dehors par une terrible épreuve. Et les plaintes amères auxquelles Job s’est laissé emporter sont l’indice certain de cette disposition intérieure de son cœur. Qu’il se repente donc, et Dieu lui rendra le bonheur. » Tel est le fond des pensées développées dans ces discours. Eliu, plutôt que de se prononcer sur le cas de Job, juge surtout le langage qu’il vient de tenir.