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Chap. XXX, 17.
Chap. XXXI, 13.
LIVRE DE JOB.

17La nuit perce mes os,[1] les consume,
le mal qui me ronge ne dort pas.
18Par sa violence, mon vêtement a perdu sa forme,
il me serre comme une tunique.
19Dieu m’a jeté dans la fange,
je suis comme la poussière et la cendre.
20Je crie vers toi, et tu ne me réponds pas ;
je me tiens debout, et tu me regardes avec indifférence.
21Tu deviens cruel à mon égard,
tu m’attaques avec toute la force de ton bras.
22Tu m’enlèves, tu me fais voler au gré du vent,
et tu m’anéantis dans le fracas de la tempête.
23Car, je le sais, tu me mènes à la mort,
au rendez-vous de tous les vivants.

24Cependant celui qui va périr n’étendra-t-il pas les mains
et, dans sa détresse, ne poussera-t-il pas un cri ?
25N’avais-je pas des larmes pour l’infortuné ?
Mon cœur ne s’est-il pas attendri sur l’indigent ?
26J’attendais le bonheur, et le malheur est arrivé ;
j’espérais la lumière, et les ténèbres sont venues.
27Mes entrailles bouillonnent sans relâche,
les jours d’affliction ont fondu sur moi.
28Je marche dans le deuil, sans soleil ;[2]
si je me lève dans l’assemblée, c’est pour pousser des cris.
29Je suis devenu le frère des chacals,
le compagnon des filles de l’autruche.
30Ma peau livide tombe en lambeaux,
mes os sont brûlés par un feu intérieur.
31Ma cithare ne rend plus que des accords lugubres,
mon chalumeau que des sons plaintifs.


J’avais fait un pacte avec mes yeux,
et comment aurais-je arrêté mes regards sur une vierge. —[3]
2Quelle part, me disais-je, Dieu me réserverait-il d’en haut ?
Quel sort le Tout-Puissant me ferait-il de son ciel ?
3La ruine n’est-elle pas pour le méchant,
et le malheur pour les artisans d’iniquité ?
4Dieu ne connaît-il pas mes voies,
ne compte-t-il pas tous mes pas ?

5Si j’ai marché dans le sentier du mensonge,
si mon pied a couru après la fraude, —
6que Dieu me pèse dans de justes balances,
et il reconnaîtra mon innocence !

7Si mes pas se sont écartés du droit chemin,
si mon cœur a suivi mes yeux,
si quelque souillure s’est attachée à mes mains, —
8que je sème, et qu’un autre mange,
que mes rejetons soient déracinés !

9Si mon cœur a été séduit par une femme,
si j’ai fait le guet à la porte de mon prochain, —
10que ma femme tourne la meule pour un autre,
que des étrangers la déshonorent !
11Car c’est là un crime horrible,
un forfait que punissent les juges ;
12un feu qui dévore jusqu’à la ruine,
qui aurait détruit tous mes biens.
13Si j’ai méconnu le droit de mon serviteur ou de ma servante,
quand ils étaient en contestation avec moi : —

  1. 17. Perce mes os, les consume, m. à m. perce mes os de dessus moi.
  2. 28. Je marche dans le deuil, sans soleil. D’autres : Je marche noirci, non par la chaleur.
  3. XXXI, 1 sv. Tableau des vertus privées de Job. Les détails choisis relèvent de la religion naturelle, ou plutôt de la religion telle qu’elle était comprise et pratiquée par les patriarches.