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5. Chap. xxvii, 1 — xxviii, 28 : Nouveau discours de Job.Job ne reniera pas son innocence (xxvii, 1-6). Reprenant la thèse du châtiment de l’impie telle que la professent ses amis (xxvii, 7-23), il s’en remet à la sagesse, que l’homme ne trouve pas par ses efforts (xxviii, 1-12), qu’il ne peut acquérir à prix d’or (xxviii, 13-19), que seul Dieu connaît et dont seul Il peut lui révéler le secret (xxviii, 20-28).

Job reprit son discours et dit :[1]

2Par le Dieu vivant qui me refuse justice, par le Tout-Puissant qui remplit mon âme d’amertume : 3aussi longtemps que j’aurai la respiration, que le souffle de Dieu sera dans mes narines, 4mes lèvres ne prononceront rien d’inique, ma langue ne proférera pas le mensonge. 5Loin de moi la pensée de vous donner raison ! Jusqu’à ce que j’expire, je défendrai mon innocence. 6J’ai entrepris ma justification, je ne l’abandonnerai pas ; mon cœur ne condamne aucun de mes jours.

7Que mon ennemi soit traité comme le méchant! Que mon adversaire ait le sort de l’impie ! 8Quel sera l’espoir de l’impie quand Dieu le retranchera, quand il retirera son âme ? 9Est-ce que Dieu écoutera ses cris, au jour où l’angoisse viendra sur lui ? 10Trouve-t-il ses délices dans le Tout-Puissant ? Adresse-t-il en tout temps ses prières à Dieu ? 11Je vous enseignerai la conduite de Dieu, et je ne vous cacherai pas les desseins du Tout-Puissant. 12Voici que vous-mêmes, vous avez tous vu ; pourquoi donc discourez-vous en vain ?

13Voici la part que Dieu réserve au méchant, l’héritage que les violents reçoivent du Tout-Puissant.[2] 14S’il a des fils en grand nombre, c’est pour le glaive ; ses rejetons ne seront pas rassasiés de pain. 15Ses survivants seront ensevelis dans la mort, leurs veuves ne les pleureront pas. 16S’il amasse l’argent comme la poussière, s’il entasse les vêtements comme la boue, 17c’est lui qui entasse, mais c’est le juste qui les porte, c’est le juste qui hérite de ton argent. 18Sa maison est comme celle que bâtit la teigne, comme la hutte que se construit le gardien des vignes. 19Le riche se couche, c’est pour la dernière fois ;[3] il ouvre les yeux, il n’est plus. 20Les terreurs fondent sur lui comme des eaux, un tourbillon l’enlève au milieu de la nuit. 21Le vent d’orient l’emporte, et il disparaît ; il l’arrache violemment de sa demeure. 22Dieu lance sur lui ses traits sans pitié, il fuit éperdu loin de sa main ; 23on bat des mains à son sujet, de sa demeure on siffle sur lui.


Il y a pour l’argent un lieu d’où on l’extrait, pour l’or un lieu où on l’épure.

  1. XXVII, 1. Sophar, à qui ce serait le tour de repondre, n’a plus rien à dire. Job continue donc son discours ; Vulg., sa parabole. Le mot hebreux mâschâl désigne un discours figuré et sentencieux, quelquefois rythmé.
  2. 13. Paroles empruntées à Sophar (xx, 29).
  3. 19. C’est pour la dernière fois, en lisant, comme les LXX, lô yôsîph. La leçon massorétique lô véâséph donne lieu à deux interprétations : il est privé de sépulture (Le Hir. : comp. Jér. viii, 2 ; Ezéch. xxix, 5), et : il est dépouillé, litt. il n’emporte rien (comme s’il y avait yeasséph). Vulg. Il ouvre les yeux, en un clin d’œil.