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30Quand je me laverais dans la neige, quand je purifierais mes mains avec le bor, 31tu me plongerais dans la fange,[1] et mes vêtements m’auraient en horreur.

32Dieu n’est pas un homme comme moi, pour que je lui réponde, pour que nous comparaissions ensemble en justice. 33Il n’y a pas entre nous d’arbitre qui pose sa main sur nous deux. 34Qu’il retire sa verge de dessus moi, que ses terreurs cessent de m’épouvanter : 35alors je parlerai sans le craindre ; autrement, je ne suis point à moi-même.


Mon âme est lasse de la vie ; je donnerai libre cours à ma plainte, je parlerai dans l’amertume de mon cœur. 2Je dis à Dieu : Ne me condamne point ; apprends-moi sur quoi tu me prends à partie. 3Trouves-tu du plaisir à opprimer, à repousser l’œuvre de tes mains, à faire luire ta faveur sur le conseil des méchants ? 4As-tu des yeux de chair, ou bien vois-tu comme voient les hommes ? 5Tes jours sont-ils comme les jours de l’homme, ou bien tes années comme les années d’un mortel, 6pour que tu recherches mon iniquité, pour que tu poursuives mon péché, 7quand tu sais que je ne suis pas coupable, et que nul ne peut me délivrer de ta main ?

8Tes mains m’ont formé et façonné, tout entier, et tu voudrais me détruire ! 9Souviens-toi que tu m’as pétri comme l’argile : et tu me ramènerais à la poussière ! 10Ne m’as-tu pas coulé comme le lait, et coagulé comme le fromage ? 11Tu m’as revêtu de peau et de chair, tu m’as tissé d’os et de nerfs. 12Avec la vie, tu m’as accordé ta faveur, et ta providence a gardé mon âme. 13Et pourtant, voilà ce que tu cachais dans ton cœur : Je vois bien ce que tu méditais. 14Si je pèche, tu m’observes, tu ne me pardonnes pas mon iniquité. 15Suis-je coupable, malheur à moi ! Suis-je innocent, je n’ose lever la tête, rassasié de honte, et voyant ma misère. 16Si je me relève, tu me poursuis comme un lion, tu recommences à me tourmenter étrangement, 17tu m’opposes de nouveaux témoins ; tu redoubles de fureur contre moi, des troupes de rechange viennent m’assaillir.

18Pourquoi m’as-tu tiré du sein de ma mère ? Je serais mort, et aucun œil ne m’aurait vu. 19Je serais comme si je n’eusse jamais été, du sein maternel j’aurais été porté au sépulcre. 20Mes jours ne sont-ils pas bien courts ? Qu’il me laisse ![2]

  1. 31. Dans la fange. Litt. dans la fosse.
  2. X, 20. Mes jours ne sont-ils pas bien courts ? Qu’il me laisse ! En lisant chéldi (ma vie) au lieu de yéchdal (qu’il me laisse), les LXX et le syriaque portent : Les jours de ma vie ne sont-ils pas bien courts ?