Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/631

Cette page n’a pas encore été corrigée

13Maintenant je serais couché et en paix, je dormirais et je me reposerais 14avec les rois et les grands de la terre, qui se sont bâti des mausolées ;[1] 15avec les princes qui avaient de l’or, et remplissaient d’argent leur demeures. 16Ou bien, comme l’avorton ignoré, je n’existerais pas, comme ces enfants qui n’ont pas vu la lumière. 17Là les méchants n’exercent plus leurs violences, là se repose l’homme épuisé de forces ; 18les captifs y sont tous en paix, ils n’entendent plus la voix de l’exacteur. 19Là se trouvent le petit et le grand, l’esclave affranchi de son maître.

20Pourquoi donner la lumière aux malheureux, et la vie à ceux dont l’âme est remplie d’amertume, 21qui espèrent la mort, et la mort ne vient pas, qui la cherchent plus ardemment que les trésors, 22qui sont heureux, qui tressaillent d’aise et se réjouissent quand ils ont trouvé le tombeau ; 23à l’homme dont la route est cachée et que Dieu enferme de toutes parts ?

24Mes soupirs sont comme mon pain[2] et mes gémissements se répandent comme l’eau. 25Ce que je crains, c’est ce qui m’arrive ; ce que je redoute fond sur moi. 26Plus de tranquillité, plus de paix, plus de repos, et le trouble m’a saisi.[3]


2. Chap. iv, 1-v, 27 : Discours d’Eliphaz.Après en avoir fortifié tant d’autres, Job fléchirait-il (iv, 1-5) ? L’innocent ne saurait périr, seul le méchant est condamné (iv, 6-11). Vision nocturne : personne n’est juste devant Dieu (iv, 12-21). Au lieu de se plaindre (v, 1-7), reconnaître sa faute et recourir à Dieu, tout-puissant pour sauver (v, 8-16) : voilà le moyen de redevenir heureux (v, 17-27).

Alors Eliphaz de Théman prit la parole et dit :

2Si nous risquons un mot, peut-être en seras-tu affligé ; mais qui pourrait retenir ses paroles ? 3Voilà que tu en as instruit plusieurs, que tu as fortifié les mains débiles, 4que tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient, que tu as raffermi les genoux vacillants !… 5Et maintenant que le malheur vient à toi, tu faiblis ; maintenant qu’il t’atteint, tu perds courage !…

6Ta crainte de Dieu n’était-elle pas ton espoir ? Ta confiance n’était-elle pas dans la pureté de ta vie ? 7Cherche dans ton souvenir : quel est l’innocent qui a péri ? En quel lieu du monde les justes ont-ils été exterminés ? 8Pour moi, je l’ai vu, ceux qui labourent l’iniquité et qui sèment l’injustice, en moissonnent les fruits. 9Au souffle de Dieu ils périssent, ils sont consumés par le vent de sa colère.

  1. 14. Des mausolées, hébr. charaboth, Vulg. des solitudes : il s’agit probablement des monuments taillés dans le roc pour la sépulture des grands personnages, en Égypte ou en Arabie.
  2. 24. Sont comme mon pain, font ma nourriture. Vulg., avant de manger, je soupire.
  3. 26. Vulg. N’ai-je point gardé la réserve, le silence, le calme ? Et cependant l’indignation (de Dieu) ? est venue sur moi.