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chercher ceux de la citadelle, 32et il leur[1] montra la tête du criminel Nicanor et la main que ce blasphémateur avait étendue avec tant d'insolence contre la demeure sainte du Tout-Puissant. 33Puis, ayant coupé la langue de l'impie Nicanor, il voulut qu'on la donnât par morceaux en pâture aux oiseaux, et qu'on suspendit en face du temple le prix remporté par sa folie[2]. 34Tous firent monter vers le ciel des bénédictions au Seigneur glorieux, en disant : “Béni soit Celui qui a gardé sa demeure sans souillure !” 35Judas attacha la tête[3] de Nicanor à la citadelle, comme un signe manifeste et visible à tous du secours du Seigneur.

36D’un commun accord on rendit un édit public ordonnant de ne pas laisser passer ce jour sans solennité, 37mais de célébrer le treizième jour du douzième mois, appelé Adar en syriaque, la veille du jour dit de Mardochée[4].

ÉPILOGUE.
[XV, 38-40.]

38Ainsi se passèrent les choses concernant Nicanor, et, comme à partir de ce temps, la ville demeura en possession des Hébreux, moi aussi je finirai là mon récit.[5] 39Si la disposition des faits en est heureuse et bien conçue, c’est aussi ce que j’ai voulu ; si elle est imparfaite et médiocre, c’est tout ce que j’ai pu faire. Car de même qu’il ne vaut rien de boire seulement du vin ou seulement de l’eau, tandis que le vin mêlé à l’eau est bon et produit une agréable jouissance, de même c’est l’art de disposer le récit qui charme les oreilles de ceux qui lisent l’histoire. C’est donc ici que je termine.

  1. 32. Ceux de la citadelle, quelques-uns des officiers et soldats syriens qui occupaient la citadelle ; ils n’en furent délogés que sous le commandement de Simon (I Mach. xiii, 49-53).
  2. 33. Le prix remporté par sa folie, c.-à-d. la main et la tête de Nicanor.
  3. 35. La tête, litt. la partie coupée.
  4. 37. En syriaque, en araméen ou syro-chaldéen, dialecte que les Juifs de Palestine parlaient à cette époque. — Jour de Mardochée, ou fête des Purim : voy. Esth. ix, 19 sv. et comp. x, 8.
  5. 38. La ville demeura en possession des Hébreux. Le chap, ix du Ier Mach. nous apprend qu’après la mort de Judas, il y eut encore une violente persécution, que Jérusalem fut occupée par Bacchidès et Alcime, etc., il est donc vraisemblable que Jason de Cyrône rédigea son récit peu après le triomphe de Judas et du vivant du héros. L’abréviateur, qui semble avoir fait son œuvre notablement plus tard, aura reproduit purement et simplement l’épilogue de Jason.