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prêtre, mais qui s’était volontairement souillé dans les temps de confusion, comprenant qu’il ne lui restait plus aucun espoir de salut ni d’accès à l’autel saint, 4vint trouver le roi Démétrius en l’an cent cinquante[1], lui offrant une couronne d’or avec une palme et de plus quelques rameaux d’olivier, tels qu’il est d’usage d’en offrir au temple ; et, ce jour-là, il ne fit rien de plus. 5Mais il trouva une occasion favorable à sa perversité, quand Démétrius, l’ayant appelé dans son conseil, l’interrogea sur les dispositions et les desseins des Juifs. 6Il répondit : “Les Juifs que l’on nomme Assidéens, dont Judas Machabée est le chef, fomentent la guerre et les séditions, et ne souffrent pas que le royaume soit en paix. 7Voilà pourquoi, ayant été exclu de mes honneurs héréditaires, je veux dire du souverain pontificat, je suis venu ici, 8d’abord avec le désir sincère de soutenir les intérêts du roi, ensuite dans le but de procurer aussi le bien-être de mes concitoyens ; car la témérité de ces hommes cause à toute notre nation les plus grands maux. 9Toi donc, ô roi, quand tu auras pris connaissance de toutes ces choses, pourvois au salut de notre pays et de notre nation opprimée, selon cette bonté qui te rend affable envers tous. 10Car, tant que Judas sera en vie, il sera impossible de ramener la paix dans l’Etat.”

11Dès qu’il eut parlé de la sorte, les autres amis du roi qui détestaient Judas, enflammèrent encore davantage Démétrius. 12Il appela aussitôt Nicanor[2], qui avait commandé l’escadron des éléphants, le nomma général de l’armée de Judée et le fit partir, 13avec ordre écrit de faire périr Judas, de disperser ses compagnons, et d’installer Alcime grand prêtre du temple auguste. 14Les Gentils, qui s’étaient enfuis de la Judée devant Judas, se rassemblèrent par troupes autour de Nicanor, pensant bien que l’infortune et le malheur des Juifs tourneraient à leur propre avantage.

15. Chap. xiv, 15-25 : Alliance de Nicanor et de Judas.Craintes des Juifs, prière, échec (xiv, 15-17). Sachant la bravoure de Judas, Nicanor propose de traiter (xiv, 18, 19). Paix et amitié (xiv, 20-25).

15Quand les Juifs apprirent la marche de Nicanor et l’attaque des nations, ils se couvrirent de poussière et ils prièrent Celui qui avait établi son peuple à jamais, et avait sans cesse protégé son héritage par des signes manifestes. 16Sur l’ordre de leur chef, ils partirent sur-le-champ et en vinrent aux mains avec l’ennemi, au bourg de Dessau. 17Simon, frère de Judas, avait engagé le combat contre Nicanor, mais, déconcerté par l’apparition subite de l’ennemi, il subit un léger échec. 18Toutefois Nicanor, apprenant quelle était la valeur de Judas et de ses compagnons, et avec quelle intrépidité ils se battaient pour leur patrie, craignit de s’en remettre au jugement par le sang. 19Il envoya donc Posidonius, Théodote et Mattathias pour tendre la main aux Juifs et recevoir la leur. 20Après avoir longtemps examiné ces propositions, le général les communiqua à l’armée, et, quand il fut évident que tous étaient du même avis, on consentit à traiter. 21On fixa un jour où les deux chefs se réuniraient seul à seul ; Judas s’y présenta[3], et des sièges d’honneur furent placés auprès d’eux. 22Cependant Judas avait aposté des hommes armés dans des positions avantageuses, dans la crainte de quelque perfidie soudaine de la part de l’ennemi. Ils eurent un entretien convenable.

23Nicanor passa quelque temps à Jérusalem, sans y faire rien d’injuste, et il congédia les foules qui s’étaient rassemblées par troupeaux.[4] 24Il avait avec Judas les relations les plus amicales[5], éprouvant pour lui une inclination de cœur. 25Il l’engagea à se marier et à avoir des enfants ; Judas se maria, vécut heureusement et jouit de la vie.

16. Chap. xiv, 26-36 : Revirement de Nicanor ; retraite de Judas.Alcime dénonce le traité à Démétrius, qui, irrité, réclame Judas comme prisonnier (xiv, 26-28). Fuite de Judas (xiv, 29, 30). Nicanor somme les prêtres de le lui livrer (xiv, 31-36).

26Alcime, voyant l’amitié qui régnait

  1. 4. Vint trouver le roi Démétrius. Comp. I Mach. vii, 7, ou plutôt vii, 25. — L’an 150, selon la leçon de la Vulg., au lieu de 151, leçon de la plupart des manuscrits grecs.
  2. 12. Nicanor. Ce personnage est sans doute différent de celui (fils de Patrocle) qui avait été défait par les Juifs (viii, 9 sv. ; I Mach. iii, 38) ; ce dernier n’en était pas à apprendre (cf. vers. 18) la valeur de Judas. — Sur l’expédition de Nicanor sous Démétrius I, voir I Mach. vii, 26-50.
  3. 21. Judas s’y présenta, etc. Cette fin de phrase est très obscure ; le texte en est incertain.
  4. 23. Les foules qui s’étaient rassemblées par troupeaux, les païens qui avaient accompagné Nicanor.
  5. 24. Il avait avec Judas les relations les plus amicales. M. à m. il avait constamment Judas devant lui.