Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/623

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de cinquante coudées, remplie de cendres, et couronnée d’une machine tournante qui de tous côtés fait glisser dans la cendre. 6C’est là que le peuple de Bérée précipite, pour le faire périr, l’homme coupable de vol sacrilège, ou encore celui qui a commis certains autres grands crimes. 7Ainsi mourut Ménélas, ce violateur de la loi, et c’est très justement qu’il ne fut pas déposé dans la terre. 8Car il avait maintes fois péché contre l’autel, dont le feu et la cendre étaient purs, et c’est dans la cendre qu’il trouva la mort.

9Le roi s’avançait donc, l’esprit tout rempli de pensées barbares, disposé à traiter les Juifs plus cruellement que n’avait fait son père. 10Dès que Judas le sut, il ordonna au peuple d’invoquer nuit et jour le Seigneur, pour que cette fois encore, il vînt au secours de ceux 11qui allaient être privés de la loi, de leur patrie et du saint temple, et qu’il ne permît pas que ce peuple qui commençait seulement à respirer, tombât sous la puissance des nations impies. 12Lorsque tous eurent ainsi prié ensemble et imploré le Seigneur miséricordieux avec larmes et avec jeûnes, se tenant continuellement à genoux pendant trois jours, Judas leur adressa une exhortation et leur commanda de se tenir prêts. 13Puis, s’étant entretenu à part avec les anciens, il résolut[1] de ne pas attendre que le roi eût fait entrer son armée en Judée et se fût rendu maître de Jérusalem, mais de se mettre incontinent en marche et de tout terminer avec l’aide du Seigneur. 14Abandonnant donc au Créateur du monde le sort des armes, il exhorta ses compagnons à combattre bravement jusqu’à la mort pour les lois, pour le temple, pour la ville sainte, pour la patrie et les institutions, et il conduisit son armée aux environs de Modin. 15Après avoir donné aux siens ce mot d’ordre : “Victoire par Dieu ! “il choisit les plus braves parmi les jeunes guerriers et attaqua pendant la nuit la tente du roi ; il tua dans le camp quatre mille hommes, en y ajoutant le plus grand des éléphants, avec la troupe qu’il portait dans une tour. 16Enfin ils remplirent le camp d’épouvante et de confusion, et se retirèrent avec un plein succès. 17Quand le jour commença à poindre, tout était achevé, grâce à la protection dont le Seigneur couvrait Judas.

13. Chap. xiii, 18-26 : Siège de Bethsur.Échecs d’Eupator (xiii, 18-22). Traité, mécontentement à Ptolémaïs (xiii, 23-26).

18Après avoir ainsi éprouvé l’audace des Juifs, le roi essaya de s’emparer des places par ruse.[2] 19Il marcha contre Bethsur, forte citadelle des Juifs ; mais il était repoussé, il subissait des échecs, il avait le dessous. 20Or Judas fit passer aux assiégés ce qui leur était nécessaire. 21Cependant Rhodocus, de l’armée des Juifs, dévoilait à l’ennemi les secrets ; on fit une enquête, on le surprit et on le mit en prison. 22Pour la seconde fois le roi parlementa avec les assiégés, leur tendit la main, prit la leur, se retira, 23attaqua les guerriers de Judas et fut battu. Mais ayant appris que Philippe, laissé par Epiphane à la tête des affaires, s’était révolté à Antioche, il en fut consterné ; il donna aux Juifs de bonnes paroles, se soumit et jura toutes conditions équitables ; il se réconcilia et offrit un sacrifice, il honora le temple, traita humainement le saint lieu, 24et fit bon accueil à Machabée ; il le laissa comme gouverneur militaire depuis Ptolémaïs jusqu’aux Gerrhéniens. 25Mais lorsque le roi vint à Ptolémaïs, les habitants témoignèrent leur mécontentement au sujet du traité, dont ils s’indignaient et ne voulaient point exécuter les conditions. 26Lysias monta sur le tribunal, défendit les conventions autant que possible, persuada, disposa favorablement les esprits et partit pour Antioche.

Ce fut ainsi qu’eurent lieu l’attaque et la retraite du roi.


14. Chap, xiv, 1-14 : Intrigues d’Alcime auprès de Démétrius I ; Nicanor envoyé en Judée. — Avènement de Démétrius, Alcime lui rend hommage (xiv, 1-4). Dénonciation contre les Assidéens et Judas Machabée (xiv, 5-10). Démétrius envoie Nicanor en Judée (xiv, 11-14).[3]

Trois ans s’étant écoulés. Judas et ses compagnons apprirent que Démétrius, fils de Séleucus, ayant fait voile du port de Tripoli avec une armée nombreuse et une flotte,[4] 2s’était rendu maître du pays et avait mis à mort Antiochus et son tuteur Lysias. 3Un certain Alcime, précédemment devenu grand

  1. 13. Il résolut, etc. M. à m. Il résolut qu’avant que le roi, etc., on se mit incontinent, etc.
  2. 18-26. Comp. I Mach. vi, 48-63.
  3. XIV, i, 2. Comp. I Mach. vii, 1-4.
  4. 1. Du port de Tripoli. La Vulgate ajoute : vers des positions avantageuses, et, au vers, suiv., elle ne mentionne pas la mort d’Antiochus et de Lysias.