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DEUXIÈME PARTIE.

[VIII, 1 — XV, 37.]

JUDAS MACHABÉE.


I. — AU TEMPS D’ANTIOCHUS ÉPIPHANE.

[VIII, 1 — X, 8.]

1. Chap. viii, 1-7 : Premiers succès de Judas Machabée.

Cependant Judas Machabée et ses compagnons, s’introduisant secrètement dans les villages, appelaient autour d’eux leurs parents, et, s’adjoignant ceux qui étaient restés fidèles au judaïsme, ils rassemblèrent ainsi une troupe d’environ six mille hommes. 2Ils conjuraient le Seigneur de regarder son peuple que tout le monde foulait aux pieds, d’avoir aussi pitié de son temple profané par les impies, 3d’avoir compassion de la ville dévastée qui allait se trouver au niveau du sol, et d’écouter la voix du sang qui criait vers lui, 4de se souvenir du meurtre criminel des petits enfants innocents et des outrages faits à son nom, et de montrer sa haine contre les méchants. 5Une fois à la tête d’une troupe nombreuse, Machabée devint invincible aux nations, car la colère du Seigneur s’était changée en miséricorde. 6Tombant à l’improviste sur les villes et les villages, il les brûlait ; occupant les positions les plus favorables, il infligeait des défaites à de nombreux ennemis.[1] 7C’est surtout la nuit qu’il choisissait pour favoriser le succès de ces sortes d’expéditions. Le bruit de sa valeur se répandit en tous lieux.

2. Chap. viii, 8-36 : Défaite de Nicanor.Informé par Philippe, Ptolémée envoie Nicanor et Gorgias contre les Juifs (viii, 8-11). L’armée de Judas Machabée son exhortation : la confiance en Dieu, l’exemple des pères (viii, 12-20). Organisation de l’armée, victoire, partage du butin (viii, 21-29). Contre Timothée et Bacchidès (viii, 30-33). Déception de Nicanor (viii, 34-36).

8Philippe ne fut pas longtemps à voir quels progrès faisait cet homme, et les succès de plus en plus fréquents qu’il remportait ; il écrivit donc à Ptolémée, chef militaire de la Coelé-Syrie et de la Phénicie, de venir en aide aux affaires du roi.[2] 9Ptolémée s’étant mis à l’œuvre sans tarder, fit partir Nicanor, fils de Patrocle, un des principaux favoris du roi, à la tête d’au moins vingt mille hommes de diverses nations, pour qu’il exterminât la race entière des Juifs ; il lui adjoignit Gorgias, général fort expérimenté dans les choses de la guerre. 10Nicanor comptait bien procurer au roi, sur la vente des captifs pris en Judée, le tribut de deux mille talents aux Romains. 11Il s’empressa d’envoyer aux villes maritimes l’invitation à venir acheter des esclaves Juifs, promettant de leur en donner quatre-vingt-dix pour un talent : il ne songeait pas à la vengeance du Tout-Puissant qui allait tomber sur lui.

12Dès que Judas eut appris la marche de Nicanor, il informa ses compagnons de l’approche de l’armée. 13Alors les uns, frappés de crainte et manquant de foi en la justice de Dieu, prirent la fuite et passèrent en d’autres lieux ; 14les autres vendirent tout ce qui leur restait et, en même temps, ils priaient le Seigneur de les délivrer de l’impie Nicanor, qui les avait vendus avant même que la bataille fût engagée : 15sinon à cause d’eux, du moins en considération des alliances faites avec leurs pères, et parce que son nom saint et auguste avait été nommé sur eux. 16Machabée ayant réuni ceux qui étaient restés avec lui, au nombre de six mille hommes[3], les exhorta à ne pas craindre les ennemis, et à ne pas se troubler devant la multitude des nations qui marchaient injustement contre eux, mais à combattre vaillamment, 17ayant devant les yeux l’indigne profanation accomplie par elles contre le lieu saint, l’outrage de la ville ravagée, ainsi que la ruine des institutions des ancêtres. 18« Eux, dit-il, se confient dans leurs armes et des charges hardies ; nous, c’est en Dieu,

  1. VIII, 6, 7. Comp. I Mach. iii, 1-26.
  2. 8. Dans les vers. 8-29, l’auteur relate, sans grands détails, la défaite de Nicanor, le principal ennemi des Juifs, afin de montrer — ce qui est le but de son ouvrage — comment Dieu est venu au secours de son peuple et lui a rendu sa faveur. Comp. I Mach. iii, 38-iv, 27. — Philippe, voir v, 22.
  3. 16. Six mille ; Vulg., sept mille.