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de son asile et le mit aussitôt à mort, sans égard pour la justice. 35Aussi, non seulement les Juifs, mais beaucoup d’entre les autres nations furent indignés et affligés du meurtre injuste de cet homme. 36Et lorsque le roi fut revenu de Cilicie, les Juifs d’Antioche[1], ainsi que des Grecs également ennemis de la violence, vinrent le trouver au sujet du meurtre inique d’Onias. 37Antiochus fut contristé jusqu’au fond de l’âme et, touché de compassion pour Onias, il versa des larmes au souvenir de la modération et de la conduite si sage du défunt. 38Rouge de colère, il fit enlever sur le champ la pourpre à Andronique, déchira ses vêtements et, l’ayant fait mener par toute la ville, il dégrada ce scélérat au lieu même où il avait exécuté son attentat impie sur Onias, le Seigneur le frappant ainsi d’un juste châtiment.

39Or, un grand nombre de vols sacrilèges, ayant été commis dans la ville par Lysimaque, d’accord avec Ménélas, et le bruit s’en étant répandu, le peuple s’ameuta contre Lysimaque, lorsque déjà beaucoup de vases d’or avaient été dispersés. 40Voyant la multitude soulevée et les esprits enflammés de colère, Lysimaque arma environ trois mille hommes et se mit à exercer des actes de violence, sous le commandement d’un certain Tyran[2], homme avancé en âge et non moins en perversité. 41Mais lorsqu’ils connurent l’attaque de Lysimaque, les uns saisissant des pierres, d’autres de gros bâtons, quelques-uns ramassant de la cendre qui se trouvait là, lançaient tumultueusement le tout sur les partisan de Lysimaque. 42C’est ainsi qu’ils blessèrent un grand nombre de ses gens, en tuèrent plusieurs, mirent tous les autres en fuite et massacrèrent le sacrilège lui-même auprès du trésor du temple.

43Puis on commença sur ces faits une instruction contre Ménélas. 44Lorsque le roi vint à Tyr, les trois hommes envoyés par les Anciens lui exposèrent la justice de leur cause. 45Se voyant convaincu, Ménélas promit à Ptolémée[3], fils de Dorymène, une grosse somme d’argent pour qu’il lui rendît le roi favorable. 46Ptolémée, ayant donc emmené le roi sous le péristyle, comme pour prendre le frais, le fit changer de résolution. 47Le roi déclara Ménélas innocent des accusations portées contre lui, quoiqu’il fût coupable de tous les crimes, et il condamna à mort des malheureux qui, s’ils avaient plaidé leur cause même devant des Scythes, eussent été renvoyés innocents ; 48et des hommes qui avaient pris la défense de la ville, du peuple et des objets sacrés, subirent sans délai cette peine injuste. 49Les Tyriens eux-mêmes en furent indignés, et ils firent aux victimes de magnifiques funérailles. 50Quant à Ménélas, grâce à la cupidité des puissants, il se maintint dans sa dignité, grandissant en malice et cruel fléau de ses concitoyens.


II. — PERSÉCUTION D’ANTIOCHUS ÉPIPHANE.
[V, i — VII, 42.]
1. Chap. v, 1-10 : Occasion de la persécution.Deuxième expédition d’Antiochus en Égypte ; signes dans les deux (v, 1-4). Fausse nouvelle de la mort d’Antiochus. Jason assiège Jérusalem pour recouvrer le pouvoir (v, 5-7) ; sa fin (v, 8-10).

Vers ce temps-là, Antiochus organisa sa seconde expédition en Égypte. 2Or il arriva que, dans toute la ville, pendant près de quarante jours, apparurent, courant dans les airs, des cavaliers ayant des vêtements d’or et armés de lances à la manière des cohortes, 3ainsi que des escadrons de chevaux rangés en ordre de bataille, des attaques et des charges de part et d’autre, des agitations de boucliers et une multitude de piques, des épées tirées du fourreau, des traits lancés, un vif éclat d’armures d’or et de cuirasses de toutes sortes. 4C’est pourquoi tous priaient pour que ces apparitions leur fussent favorables.

5Un faux bruit de la mort d’Antiochus s’étant répandu, Jason ne prit pas moins d’un millier d’hommes et vint attaquer la ville à l’improviste. Les citoyens coururent aux murailles[4], mais la ville finit par être prise, et Ménélas se réfugia dans la citadelle. 6Jason se livra sans pitié au massacre de ses propres concitoyens, ne réfléchissant pas qu’une journée gagnée sur des compatriotes est la journée la plus tristement perdue, mais s’imaginant remporter des trophées sur

  1. 36. D’Antioche, m. à m. de la ville.
  2. 40. Tyran, nom propre. D’autres manuscrits : Auranus.
  3. 45. Ptolémée, fils de Dorymène, voir I Mach. iii, 38.
  4. V, 5. Les citoyens coururent aux murailles. D’autres : Ceux qui gardaient les murailles furent délogés.