Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/607

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui gisait n’ayant plus qu’un souffle. 32Et le grand prêtre, dans la crainte que le roi ne s’imaginât qu’un attentat avait été commis par les Juifs contre Héliodore, offrit pour la vie de cet homme un sacrifice. 33Pendant que le grand prêtre offrait le sacrifice expiatoire, les mêmes jeunes hommes apparurent de nouveau à Héliodore, revêtus des mêmes habits et, se tenant debout, lui dirent : “Rends de grandes actions de grâces au grand prêtre Onias, car c’est à cause de lui que le Seigneur te donne la vie sauve. 34Pour toi, ainsi châtié par lui, annonce à tous la grande puissance de Dieu. “Ayant dit ces mots, ils disparurent. 35Héliodore offrit au Seigneur un sacrifice et fit de grands vœux à Celui qui lui avait accordé la vie ; puis, ayant assuré Onias de son amitié, il retourna avec ses troupes vers le roi. 36Et il rendait témoignage à tous des œuvres du grand Dieu qu’il avait vues de ses yeux.

37Le roi ayant demandé à Héliodore quel homme lui paraissait propre à être envoyé de nouveau à Jérusalem, celui-ci lui répondit : 38“Si tu as quelque ennemi ou un adversaire de ton gouvernement, envoie-le là-bas, et il te reviendra déchiré de coups, si toutefois il en réchappe, car il y a vraiment en ce lieu une force divine. 39Celui qui a sa demeure dans le ciel veille sur ce lieu et le protège ; ceux qui y viennent avec de mauvais desseins, il les frappe et les fait périr.”

40C’est ainsi que se passèrent les choses concernant Héliodore et la conservation du trésor sacré.



3. Chap. iv, 1-6 : Onias dénonce Simon au roi.

Le dit Simon, ce délateur du trésor et de sa patrie, parlait mal d’Onias : c’est lui, disait-il, qui avait excité Héliodore[1] et qui était l’auteur de tout le mal. 2Le bienfaiteur de la ville, le défenseur de ses concitoyens et l’observateur fidèle des lois, il osait le faire passer pour un adversaire de l’Etat. 3Cette haine alla si loin que des meurtres furent commis par l’un des affidés de Simon. 4Alors Onias, considérant le danger de ces divisions et les emportements d’Apollonius, le gouverneur militaire de la Coelé-Syrie et de la Phénicie, qui encourageait la méchanceté de Simon, alla trouver le roi, 5non pour accuser ses concitoyens, mais ayant en vue l’intérêt général et particulier de tout son peuple. 6Car il voyait bien que, sans l’intervention du roi, il était impossible de pacifier la situation, et que Simon ne renoncerait pas à ses criminelles entreprises.

4. Chap. iv, 7-22 : Jason usurpe le souverain pontificat.Auprès d’Antiochus, promesses (iv, 7-9). Introduction des mœurs grecques à Jérusalem (iv, 10-17). Jason envoie une grosse somme à Tyr pour un sacrifice en l’honneur d’Hercule (iv, 18-20). Réception d’Antiochus à Jérusalem (iv, 21, 22).

7Mais, après la mort de Séleucus, Antiochus surnommé Epiphane lui ayant succédé, Jason, frère d’Onias, entreprit d’usurper le souverain pontificat. 8Dans un entretien avec le roi, il lui promit trois cent soixante talents d’argent et quatre-vingts talents pris sur d’autres revenus. 9Il promettait en outre de s’engager par écrit pour cent cinquante autres talents, si on lui accordait d’établir, de sa propre autorité et selon ses vues, un gymnase avec un éphébée[2], et d’inscrire les habitants de Jérusalem comme citoyens d’Antioche. 10Le roi consentit à tout. Dès que Jason eut obtenu le pouvoir, il se mit à introduire les mœurs grecques parmi ses concitoyens. 11Il abolit les franchises que les rois, par humanité, avaient accordées aux Juifs grâce à l’entreprise de Jean, père d’Eupolème, lequel fut envoyé en ambassade pour conclure un traité d’alliance et d’amitié avec les Romains, et, détruisant les institutions légitimes, il établit des coutumes contraires à la loi.[3] 12Il se fit un plaisir de fonder un gymnase au pied même de l’Acropole[4], et il élevait les enfants les plus nobles en les mettant sous le chapeau. 13L’hellénisme[5] grandit

  1. IV, 1. Excité Héliodore. D’autres : terrifié, ou frappé Héliodore.
  2. 9. Gymnase, lieu d’exercices physiques, courses, luttes, etc. — Ephébée, partie du gymnase spécialement réservée aux jeunes gens.
  3. 11. Sur l’ambassade qui sera confiée à Eupolème, voir I Mach., viii, 17. — Institutions légitimes : c’est à tort que, dans la Vulg., une virgule est placée entre légitima et jura.
  4. 12. L’Acropole, le mont Sion où se trouvaient le temple et la cité de David ; c’était l’endroit le plus saint de la ville. — Sous le chapeau, ou le petase, chapeau à large bord dont on se servait pour se garantir du soleil et de la pluie, particulièrement dans les exercices du gymnase ; Mercure, patron des jeux corporels, était représenté couvert du pétase. Sens : il faisait en sorte que les plus nobles jeunes gens reçussent une éducation et une culture grecque, c’est-à-dire païenne : Vulg. il plaçait les plus nobles jeunes gens dans les lieux infâmes, c’est-à-dire dans ces lieux d’exercices, où leur chasteté était aussi exposée que leur foi religieuse.
  5. 13. L’hellénisme, la religion et les mœurs grecques, c.-à-d. païennes. — Grandit alors ; la Vulg. paraphrase un peu le texte : “Ce n’était pas un commencement, mais un développement des mœurs païennes.”