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s’en retourna auprès du roi, et le pays de Juda fut en paix pendant deux ans.

3. Chap. ix, 58-73 : Nouvelle campagne et échec de Bacchidès ; la paix. — Appelé contre Jonathas par les Juifs infidèles, Bacchidès essaie en vain de la ruse (ix, 58-61) ; il assiège Bethbasi et est vaincu (ix, 62-69) ; il accepte les propositions de paix de Jonathas (ix, 70-72). Jonathas à Machmas ; il juge le peuple (ix, 73).

58Alors tous les Juifs infidèles tinrent conseil, en disant : « Voici que Jonathas et ses compagnons vivent en paix et sécurité ; faisons donc venir Bacchidès, et il les prendra tous en une nuit. » 59Et ils allèrent s’entendre avec lui. 60Bacchidès se mit en marche à la tête d’une grande armée, et il envoya secrètement des lettres à tous ses partisans qui étaient en Judée, pour qu’ils se saisissent de Jonathas et de ses compagnons ; mais il n’y réussirent pas, parce que ces derniers eurent connaissance de leur dessein. 61Et parmi les hommes du pays, chefs du complot, ils en prirent cinquante et les firent périr. 62Puis Jonathas, avec Simon et ceux qui étaient avec eux, se rendit à Bethbasi[1] dans le désert, et il en répara les ruines et la fortifia. 63Bacchidès l’apprit, rassembla toutes ses troupes et fit appel à ses partisans de Judée. 64Il vint et établit son camp près de Bethbasi ; il assiégea cette ville pendant beaucoup de jours et construisit des machines. 65Mais Jonathas, laissant dans la ville son frère Simon, sortit dans la campagne et revint avec une petite troupe[2]. 66Il battit Odoarrès, ainsi que ses frères et les fils de Phaséron dans leurs tentes, et il commença à attaquer les assiégeants et à marcher contre eux avec des forces. 67Simon, de son côté, fit une sortie avec ses compagnons et brûla les machines de guerre. 68Tous deux combattirent contre Bacchidès, le mirent en déroute, et le jetèrent dans une profonde affliction de ce que son dessein et son expédition étaient complètement manqués. 69Outré de colère contre les hommes impies qui lui avaient conseillé de venir dans le pays, il en fit périr un grand nombre et prit la résolution de retourner dans son pays. 70Jonathas le sut, et il lui envoya des messagers pour traiter avec lui de la paix et obtenir qu’on leur rendit les prisonniers. 71Bacchidès les accueillit et accepta leurs propositions ; il s’engagea par serment envers Jonathas à ne lui faire aucun mal, tant qu’il vivrait. 72Il lui rendit les prisonniers qu’il avait faits auparavant dans le pays de Juda, et, s’en étant allé dans son pays, il ne revint plus sur le territoire des Juifs. 73L’épée se reposa dans Israël, et Jonathas fixa sa demeure à Machmas ; et il commença à juger le peuple, et il fit disparaître les impies du milieu d’Israël.


4. Chap. x, 1-47 : Alexandre Épiphane et Démétrius se disputent l’alliance de Jonathas.Rivalité d’Alexandre et de Démétrius (x, 1, 2). Lettre amicale de Démétrius à Jonathas, ses effets à Jerusalem (x, 3-14). Dans une lettre qu’il lui adresse de son côté, Alexandre confère à Jonathas le titre de grand prêtre (x, 15-21). Déception de Démétrius (x, 22-24). Nouvelle lettre : exemptions de charges, faveurs, largesses (x, 25-45). Défiance des Juifs ; ils s’attachent à Alexandre (x, 46, 47).

L’an cent soixante, Alexandre, fils d’Antiochus et surnommé Epiphane, se mit en marche, et s’empara de Ptolémaïs ; les habitants le reçurent, et il fut roi[3]. 2Le roi Démétrius, l’ayant appris, rassembla une très forte armée et s’avança contre lui pour le combattre. 3En même temps Démétrius envoyait à Jonathas une lettre avec des paroles de paix, lui promettant de l’élever en dignité[4].

  1. 62. Bethbasi, localité non identifiée, mais sans doute du côté de Jéricho.
  2. 65. Une petite troupe, rassemblée à la hâte. In numero est un hébraïsme, comp. Gen. xxxiv, 30 ; Deut. iv, 27, etc.
  3. X, 1. L’an 160, ou 152 av. J.-C. : la paix conclue avec Bacchidès avait duré 5 ans. — Alexandre : Démétrius I Soter, par son orgueil, son amour des plaisirs et sa mauvaise administration, s’était aliéné, non seulement ses sujets, mais encore trois monarques ses voisins : Ptolémée d’Égypte, et les deux rois de Cappadoce et de Pergame. Ce dernier, ayant découvert à Smyrne un jeune homme nommé Balas, de naissance obscure, mais qui ressemblait étonnamment à Antiochus Eupator, le fils d’Antiochus Epiphane, que Démétrius avait fait mettre à mort (vii, 4), répandit le bruit que Balas était un fils d’Épiphane, lui donna le nom d’Alexandre, dans l’intérêt de son rôle, et l’envoya à Rome solliciter l’appui du sénat. Les Romains n’avaient jamais été favorables à Démétrius, qui s’était échappé de Rome ; ils accueillirent donc le jeune aventurier et lui permirent de lever une armée pour soutenir ses droits prétendus contre Démétrius. — Et surnommé Epiphane : d’après le texte grec, confirmé par une médaille que mentionne Eckel, Alexandre aurait adopté le surnom de son père Epiphane ; mais le texte syriaque (et probablement aussi la Vulg.) rapportent ce titre à Antiochus.
  4. 3. Lui promettant de l’élever en dignité. D’autres : en termes très flatteurs.