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il dit : “Ne me faites pas voir leur visage.” 4Alors l’armée les tua, et Démétrius s’assit sur le trône de son royaume.

5Alors tous les hommes iniques et impies d’Israël vinrent le trouver, conduits par Alcime[1], qui voulait être grand prêtre. 6Ils accusèrent le peuple auprès du roi en disant : “Judas et ses frères ont fait périr tous tes amis, et nous ont expulsés de notre terre. 7Envoie donc maintenant un homme en qui tu aies confiance, pour qu’il aille constater toute la ruine qu’ils ont faite parmi nous et dans les provinces du roi, et qu’il punisse les coupables avec tous ceux qui leur viennent en aide.”

8Le roi choisit parmi ses amis Bacchidès, gouverneur du pays situé au-delà du fleuve, homme très considérable dans le royaume et fidèle au roi ; 9et il l’envoya avec l’impie Alcime, auquel il assura la souveraine sacrificature, et lui ordonna de tirer vengeance des enfants d’Israël. 10S’étant mis en route, ils vinrent avec une grande armée dans le pays de Juda, et ils envoyèrent des messagers porter à Judas et à ses frères des paroles de paix, pour les tromper. 11Mais ceux-ci, voyant qu’ils étaient venus avec une grande armée, n’écoutèrent pas leur discours. 12Cependant une troupe de scribes se rendit auprès d’Alcime et de Bacchidès pour chercher le droit ; 13et ceux qui tenaient le premier rang parmi les enfants d’Israël, les Assidéens, leur demandèrent la paix ; 14car ils disaient : “Un prêtre de la race d’Aaron est venu avec l’armée ; il ne saurait nous maltraiter.” 15Il leur fit entendre des paroles de paix et leur fit ce serment : “Nous ne voulons vous faire aucun mal, ni à vous, ni à vos amis.” 16Ils le crurent ; mais lui fit saisir soixante d’entre eux et les fit massacrer le même jour, selon la parole de l’Écriture : 17“Ils ont dispersé la chair et répandu le sang de tes saints autour de Jérusalem, et il n’y a personne pour les ensevelir.”[2] 18Alors la crainte et la terreur s’emparèrent de tout le peuple : “Il n’y a plus, disait-on, ni vérité ni justice parmi eux, car ils ont violé leur engagement et le serment qu’ils avaient fait.”

19Bacchidès partit de Jérusalem et alla camper à Bézeth ; il envoya saisir un grand nombre de ceux qui avaient déserté son parti, avec quelques-uns du peuple, et les ayant tués, il jeta leurs cadavres dans la grande citerne.[3] 20Après avoir confié le pays à Alcime, en lui laissant des troupes pour le défendre, Bacchidès s’en retourna auprès du roi. 21Alcime s’efforça de se mettre en possession du pontificat. 22Tous ceux qui troublaient leur peuple s’assemblèrent autour de lui, se rendirent maîtres du pays de Juda et causèrent une grande affliction en Israël. 23Voyant tous les maux que faisaient aux enfants d’Israël Alcime et ses partisans, plus funestes que les Gentils eux-mêmes, 24Judas parcourut en tout sens le territoire de la Judée, châtiant les apostats et les empêchant de se répandre dans les campagnes. 25Lorsque Alcime vit que Judas et ses compagnons étaient devenus puissants[4], reconnaissant qu’il ne pouvait tenir contre eux, il retourna auprès du roi et les accusa des plus grands méfaits.

4. Chap. vii, 26-50 : Défaite de Nicanor.Envoyé par Démétrius, Nicanor essaie en vain de la ruse (vii, 26-30) : premier échec (vii, 31, 32). Il insulte les prêtres et le Temple (vii, 33-38). À Béthoron : prière de Judas (vii, 39-42). Mort de Nicanor et déroute de son armée (vii, 43-47). Le jour de Nicanor (vii, 48-50).

26Le roi envoya Nicanor, un de ses plus illustres généraux, rempli de haine et d’animosité contre Israël, avec ordre d’exterminer le peuple. 27Arrivé à Jérusalem avec une forte armée, Nicanor fit adresser à Judas et à ses frères des paroles de paix, pour les tromper : 28“Qu’il n’y ait pas, disait-il, de guerre entre vous et moi ; je veux aller avec un petit nombre d’hommes voir vos visages en amitié.” 29Il vint donc vers Judas, et ils se saluèrent mutuellement avec des démonstrations amicales[5] ; mais les ennemis étaient prêts

  1. 5. Alcime avait été fait grand prêtre par Lysias, à la mort de Ménélas (II Mach. xiv, 3) ; mais, repoussé par les Juifs fidèles, il voulait se concilier le nouveau roi.
  2. 17. Cf. Ps. lxxix, 2, 3.
  3. 19. Il est assez étonnant de voir ici Bacchidès quitter Jérusalem, pour exécuter ses vengeances et confier le pouvoir à Alcime (vers. 20), tandis que le lecteur le croit encore au lieu où ont été massacrés les Assidéens (vers. 16). Pour traduire : il se mit en marche vers Jérusalem et vint camper à Bézeth, aux portes de la ville, il suffit de changer en εἰς la proposition ἀπὸ, devant Jerusalem, et cela, sans même supposer une faute de copiste, car la préposition min de l’original hébreu, indique parfois la direction du mouvement ; voy. Gen. xi, 2 ; xiii, 11 ; Is. xxii, 3, etc.
  4. 25. Alcime… retourna. Le IIe livre, passant sous silence la première démarche d’Alcime et l’envoi de Bacchidès, commence ici le récit de l’expédition de Nicanor, xiv, 3-xv, 37.
  5. 29. Démonstrations amicales. Nicanor usa d’abord de feinte. Mais d’après II Mach. xiv, 23-25, il fut séduit par les qualités de Judas et conclut la paix avec lui. Ce furent les intrigues d’Alcime qui changèrent ces dispositions et amenèrent la rupture dont parle le vers. 30.