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II. — SOUS ANTIOCHUS V EUPATOR ET DÉMÉTRIUS I.
[VI, 18 — IX, 22.]
1. Chap. vi, 18-47 : Antiochus Eupator en Juda ; bataille de Beth-Zacharia.Les Juifs attaquent la citadelle (vi, 18-20) ; ils sont dénoncés à Eupator (vi, 21-27), qui lève une armée et se rend en Judée (vi, 28-30). À Bethsur, action indécise (vi, 31). À Beth-Zacharias ; les éléphants (vi, 32-41) ; la rencontre, mort d’Eléazar, retraite des Juifs (vi, 42-47).

18La garnison de la citadelle tenait Israël enfermé autour du sanctuaire ; elle cherchait sans cesse à le molester, et elle était un appui pour les nations. 19Judas résolut de la détruire et rassembla tout le peuple pour l’assiéger. 20Ils se réunirent tous, en firent le siège l’an cent cinquante et construisirent contre elle des tours à balistes et des machines. 21Mais quelques-uns des assiégés s’échappèrent et plusieurs Israélites impies se joignirent à eux[1]. 22Ils allèrent trouver le roi et lui dirent : “Jusqu’à quand tarderas-tu à nous rendre justice et à venger nos frères ? 23Nous nous sommes mis volontiers au service de ton père, faisant ce qu’il nous disait et exécutant ses ordres. 24A cause de cela les fils de notre peuple sont devenus nos ennemis ; tous ceux d’entre nous qui sont tombés entre leurs mains ont été massacrés, et ils ont mis au pillage nos héritages. 25Ce n’est pas seulement sur nous qu’ils ont étendu la main, mais sur tous les pays limitrophes. 26Vois, ils sont campés en ce moment devant la citadelle de Jérusalem pour s’en emparer, et ils ont fortifié le temple et Bethsur. 27Si tu ne te hâtes pas de les prévenir, ils en feront encore plus et tu ne pourras plus les arrêter.”

28Le roi, les ayant entendus, fut pris de colère ; il convoqua tous ses amis, les chefs de son armée et ceux qui commandaient la cavalerie.[2] 29Il lui vint aussi des troupes mercenaires d’autres royaumes et des îles de la mer. 30Son armée comptait cent mille fantassins, vingt mille cavaliers et trente-deux éléphants dressés à la guerre. 31Ils s’avancèrent par l’Idumée et établirent leur camp devant Bethsur ; ils combattirent longtemps et construisirent des machines ; mais les Juifs firent une sortie et les brûlèrent, déployant une grande vaillance.

32Alors Judas quitta la citadelle et alla camper à Beth-Zacharia, vis-à-vis du camp du roi. 33Le roi se leva de grand matin et fit prendre brusquement à son armée le chemin de Beth-Zacharia, et les troupes se disposèrent pour l’attaque et sonnèrent de la trompette. 34Ils mirent sous les yeux des éléphants du jus de raisin et de mûre, pour les exciter au combat. 35Ils distribuèrent ces animaux entre les phalanges ; chaque éléphant était accompagné de mille hommes revêtus de cuirasses en mailles de fer, avec un casque d’airain sur la tête, et cinq cents cavaliers d’élite étaient rangés auprès de lui. 36Ces derniers, d’avance, étaient partout où était la bête ; là où elle allait, ils y allaient, et ils ne la quittaient jamais. 37Sur chacun des éléphants s’élevait, pour sa défense, une solide tour de bois attachée autour de lui par des sangles, et chaque animal portait trente-deux hommes[3] de l’armée, combattant sur les tours, en plus de son cornac. 38Ils placèrent le reste de la cavalerie sur les deux flancs de l’armée, afin d’inquiéter l’ennemi et de protéger les phalanges. 39Lorsque les rayons du soleil tombèrent sur les boucliers d’or et d’airain, les montagnes resplendirent de leur éclat et brillèrent comme des lampes de feu. 40Une partie de l’armée du roi se déploya sur les hautes montagnes et l’autre partie dans les vallées, et ils s’avançaient d’un pas assuré et en bon ordre. 41Tous étaient épouvantés des cris de cette multitude, du bruit de leur marche et du fracas de leurs armes. C’était en effet une armée extrêmement nombreuse et puissante.

42Judas s’avança avec son armée pour livrer bataille, et six cents hommes de l’armée du roi tombèrent. 43Eléazar, surnommé Abaron[4], aperçut un des éléphants

  1. 21. Plusieurs Israélites impies, parmi lesquels, auprès II Mach. xiii, 3-8, Ménélas, qui avait acheté le souverain sacerdoce.
  2. 28. Voir II Mach. xiii, 9-26, le récit de cette expédition.
  3. 37. Trente deux hommes : l’éléphant ne peut porter que 4 combattants, 5 au plus, avec son cornac. Et quelle tour aurait pu en contenir 32 ? Il est probable qu’une erreur de copiste aura répété ici le nombre 32 du v. 30. — Son cornac, ou conducteur, litt. son Indien. Comme les éléphants, à cette époque, venaient surtout de l’Inde, ils furent d’abord conduits par des cornacs de ce pays. On continua plus tard d’appeler Indien tout conducteur d’éléphant, queue que fût sa nationalité.
  4. 43. Surnommé Abaron, ou Avaran, mot dont une faute de copiste a fait Sanaran : voy. ii, 5. Vulg., fils de Saura ; mais le mot fils n’est pas dans le grec.