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leur peuple, 43se dirent les uns aux autres : « Relevons les ruines de notre peuple, et combattons pour notre peuple et notre sanctuaire ! »

44L’assemblée se réunit donc pour être prête au combat, et pour prier et implorer pitié et miséricorde. 45Or Jérusalem était sans habitants, comme un désert ; aucun de ses enfants n’y entrait ou n’en sortait[1], le sanctuaire était foulé aux pieds et les fils de l’étranger occupaient la forteresse ; elle était la demeure des nations. La joie avait disparu de Jacob, la flûte et la harpe étaient muettes. 46S’étant donc rassemblés, ils vinrent à Maspha, vis-à-vis de Jérusalem, parce qu’il y avait autrefois à Maspha un lieu de prière pour Israël. 47Ils jeûnèrent ce jour-là, se couvrirent de sacs, jetèrent de la cendre sur leur tête et déchirèrent leurs vêtements. 48Ils étendirent le livre de la loi, que les nations recherchaient pour y peindre les images de leurs idoles.[2] 49Ils apportèrent les vêtements sacerdotaux, les prémices et les dîmes, et firent venir des Nazaréens qui avaient accompli le temps de leur vœu ; 50et ils crièrent à haute voix vers le ciel, disant : « Que ferons-nous pour ces hommes[3], et où les conduirons-nous ? 51Votre sanctuaire a été foulé aux pieds et profané ; et vos prêtres sont dans le deuil et l’humiliation. 52Et voici que les nations se sont assemblées contre nous pour nous anéantir ! Vous connaissez leurs desseins contre nous. 53Comment pourrons-nous tenir devant elles, si vous ne nous assistez pas ? » 54Et ils sonnèrent de la trompette et poussèrent de grands cris.

55Ensuite Judas établit des chefs du peuple : chefs de mille hommes, de cent, de cinquante et de dix. 56Et il dit à ceux qui venaient de bâtir une maison, de prendre femme, de planter une vigne, et à ceux qui avaient peur, de s’en retourner chacun[4] dans sa demeure, selon la loi. 57Puis l’armée se mit en marche et alla camper au sud d’Emmaüs. 58 Judas leur dit : « Ceignez-vous et soyez des braves, et tenez-vous prêts pour demain matin à combattre contre ces nations assemblées pour nous perdre, nous et notre sanctuaire. 59Car mieux vaut pour nous mourir les armes à la main que de voir les maux de notre peuple et notre sanctuaire profané. 60Quelle que soit la volonté du ciel, qu’elle s’accomplisse ! »


Gorgias prit avec lui cinq mille hommes et mille cavaliers d’élite, et ils se mirent en marche pendant la nuit, 2pour s’approcher du camp des Juifs et les frapper à l’improviste ; les hommes[5] de la forteresse de Sion leur servaient de guides. 3Judas, l’ayant appris, se leva, lui et les vaillants, pour frapper l’armée du roi qui était à Emmaüs, 4pendant que les troupes étaient encore dispersées hors du camp. 5Gorgias arriva pendant la nuit au camp de Judas, mais il ne trouva personne ; alors il se mit à leur recherche dans les montagnes, car il disait : « Ils fuient devant nous ! » 6Dès que vint le jour, Judas apparut dans la plaine, avec trois mille hommes[6] ; seulement ils n’avaient, ni pour se couvrir ni pour frapper, les armes qu’ils auraient désirées. 7À la vue du camp fortifié des nations, des soldats couverts de cuirasses et des cavaliers qui faisaient patrouille autour d’eux, tous exercés au combat, 8Judas dit aux hommes qui étaient avec lui : « Ne craignez pas leur multitude, et ne redoutez pas leur attaque. 9Rappelez-vous comment nos pères ont été sauvés dans la mer Rouge, lorsque Pharaon les poursuivait avec une puissante armée. 10Crions maintenant vers le ciel, dans l’espoir qu’il daignera avoir pitié de nous, se souvenir de son alliance avec nos pères, et détruire aujourd’hui cette armée devant nos yeux. 11Et toutes les nations sauront qu’il y a quelqu’un qui délivre et sauve Israël. »

12Alors les étrangers levèrent les yeux et les aperçurent marchant contre eux ; 13et ils sortirent du camp pour livrer bataille ; en même temps ceux qui étaient avec Judas sonnèrent de la trompette. 14On en vint aux mains, et les nations furent abattues et s’enfuirent dans la plaine.

  1. 45. Aucun de ses enfants n’y entrait ou n’en sortait, n’y circulait : hébraïsme. Tout ce vers, est en style de poésie.
  2. 48. Pour y peindre, par une ironie sacrilège, les images… C’est le sens donné par le texte de la polyglotte de Complute. Le texte ordinaire, suivi par la Vulg., est obscur ; on le traduit généralement ainsi : les livres dans lesquels (mais il faudrait litt. au sujet desquels) les nations cherchaient des similitudes avec leurs idoles, des passages semblant autoriser leurs superstitions, afin d’amener les Juifs à prendre part au culte idolatrique.
  3. 50. Ces hommes, les Nazaréens et ceux qui apportaient des prémices et des dîmes.
  4. 56. Il dit : en gr. εἶπεν, leçon préférable au plur. εἶπον.
  5. IV, 2. Les hommes, litt., les fils de la citadelle, hebraïsme ; il s’agit de la garnison syrienne du mont Sion (i, 35 sv.).
  6. 6. Trois mille hommes formaient le corps d’attaque commandé par Judas en personne ; mais trois autres corps formaient la réserve, sous les ordres de Simon, Joseph et Jonathas ; l’armée entière comptait un peu plus de 7.000 hommes. Voy. II Mach. viii, 16, 22, 23.