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et dans les villes (i, 43-54) ; défaillances (i, 55, 56). Exécution de l’édit (1, 57-64). Courage de beaucoup de Juifs (i, 65-67).

43Le roi Antiochus publia un édit dans tout son royaume, pour que tous ne fissent plus qu’un seul peuple et que chacun abandonnât sa loi particulière.[1] 44Toutes les nations se conformèrent à l’ordre du roi. 45Beaucoup d’Israélites consentirent aussi à suivre son culte ; ils sacrifièrent aux idoles et profanèrent le sabbat. 46Le roi envoya des lettres par des messagers à Jérusalem et aux autres villes de Juda, leur ordonnant de suivre les coutumes des étrangers au pays, 47de faire cesser dans le temple les holocaustes, les sacrifices et les libations, 48de profaner les sabbats et les fêtes, 49de souiller le sanctuaire et les saints[2], 50de construire des autels, des bois sacrés et des temples d’idoles, et d’offrir en sacrifice des pourceaux et d’autres animaux impurs[3], 51de laisser leurs enfants mâles incirconcis, de se souiller eux-mêmes par toutes sortes d’impuretés et de profanations, de manière à leur faire oublier la loi et à en changer toutes les prescriptions. 52Et quiconque n’obéirait pas aux ordres du roi Antiochus serait puni de mort[4]. — 53Telles sont les lettres qu’il publia dans tout son royaume, et il établit des surveillants sur tout le peuple ; 54il commanda aussi aux villes de Juda d’offrir des sacrifices dans chaque ville. 55Beaucoup de Juifs, tous ceux qui abandonnaient la loi, se rallièrent aux Syriens ; ils pratiquèrent le mal dans le pays, 56et réduisirent les Israélites fidèles à se réfugier dans des cachettes, dans toutes sortes de retraites.

57Le quinzième jour du mois de Casleu[5], l’an cent quarante-cinq, ils construisirent l’abomination de la désolation sur l’autel des holocaustes. Ils construisirent aussi des autels dans les villes de Juda à l’entour. 58Ils brûlaient de l’encens aux portes des maisons et sur les places. 59S’ils trouvaient quelque part les livres de la loi, ils les brûlaient après les avoir déchirés. 60Celui chez qui un livre de l’alliance était trouvé, et quiconque montrait de l’attachement à la loi, était mis à mort en vertu de l’édit du roi. 61C’est avec cette violence qu’ils traitaient Israël, exécutant dans les villes, un jour de chaque mois, ceux qui étaient surpris en contravention. 62Le vingt-cinq du mois[6], ils offraient un sacrifice sur l’autel qui avait été construit sur l’autel des holocaustes. 63On mettait aussi à mort, selon l’édit, les femmes qui avaient fait circoncire leurs enfants, 64en suspendant les enfants à leur cou ; on pillait leurs maisons[7] et l’on tuait ceux qui avaient pratiqué l’opération. 65Cependant beaucoup d’Israélites résistèrent courageusement et prirent la ferme résolution de ne rien manger d’impur. Ils préférèrent mourir plutôt que de se souiller par la nourriture, 66et de profaner la sainte alliance ; et ils moururent. 67C’était un très grand courroux qui se déchargeait sur Israël.


4. Chap. ii, 1-14 : Mathathias et ses fils ; leur désolation.

En ces jours-là parut Mathathias, fils de Jean, fils de Siméon, prêtre d’entre les fils de Joarib de Jérusalem, qui habitait Modin[8]. 2Il avait cinq fils[9] : Jean, surnommé Gaddis ;

  1. 43-67. Comp. II Mach., vi, 1-11.
  2. 49. Les saints, les prêtres et les lévites, mieux avec la Vulg., le peuple saint d’Israël, comp. Lévit. xx, 26.
  3. 50. Des bois sacrés et des temples d’idoles (en grec, εἰδώλια) ; Vulgate, des autels et des idoles (εἴδωλα).
  4. 52. Voir, dans le IIe livre, le récit du martyre d’Eléazar et des sept frères encouragés par leur mère (ch. vi, 18vii, 41).
  5. 57. Le 15e jour du mois de Casleu, novembre-décembre, l’an 145 de l’ère des Séleucides, 167 av. J.—C. — L’abomination de la désolation, une abomination qui était la désolation et la ruine du temple. L’expression est empruntée à Dan. xii, 11. Il faut entendre par là un petit autel (en grec bômos) construit sur l’autel des holocaustes et destiné à un culte sacrilège. Comp. vers. 62, et Josèphe, Ant. jud. XII, v, 4.
  6. 62. Le 25 du mois. Les travaux, pour l’érection de l’autel idolâtrique, ayant commencé le 15 Casleu (vers. 57), les premiers sacrifices y furent probablement offerts le 25, jour à partir duquel les Juifs comptèrent le temps de la profanation du temple (II Mach. x, 5). Quelques-uns cependant pensent qu’au vers. 57, il faut lire le 25 au lieu du 15.
  7. 64. On pillait leurs maisons. Autres manusc. : on faisait périr les membres de leurs familles.
  8. II, 1. Mathathias, c.-à-d. don de Yahweh, abrégé en Mathias dans Josèphe. — Jean était fils de Siméon, qui descendait d’Asamon selon Josèphe, d’où le nom d’Asmonéens souvent donné à cette famille. — À Modin (Vulg. sur la montagne de Modin). Sur la fameuse mosaïque géographique de Madaba, on a trouvé, un peu au N.-E. de Lydda, une localité ainsi désignée : Môdeim, aujourd’hui Môditha ; de cette ville étaient les Machabées. L’identification avec le village actuel de Mediyeh, à trois lieues à l’est de Lydda, est admise par nombre de savants.
  9. 2 sv. Cinq fils, portant des surnoms tirés de leur caractère, de leurs exploits ou de leur destinée. Seul celui de Judas est interprété avec quelque chance d’exactitude : Machabée, plus exactement Maccabée, en grec Μακκαβαῖος (du chaldéen maqqâbâ, c.-à-d. marteau), le marteleur de ses ennemis, comme notre Charles Martel. — Jonathas, hébr. et grec Jonathan. La Vulg. porte ici Jonathan, partout ailleurs Jonathas, forme que nous avons adoptée.