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lequel était Esther ; et le roi dit : « Quoi ! ferait-il violence à la reine chez moi, dans le palais ? « Cette parole était à peine sortie de la bouche du roi qu’on voila le visage d’Aman. 9Harbona, l’un des eunuques, dit devant le roi : « Voici que le bois préparé par Aman pour Mardochée, qui a parlé pour le bien du roi, est dressé dans la maison d’Aman, à une hauteur de cinquante coudées. « Le roi dit : « Qu’on y pendre Aman ! » 10Et l’on pendit Aman au bois qu’il avait préparé pour Mardochée. Et la colère du roi s’apaisa.


Ce même jour, le roi Assuérus donna à la reine Esther la maison d’Aman, l’ennemi des Juifs, et Mardochée se présenta devant le roi, car Esther avait fait connaître ce qu’il était pour elle. 2Le roi ôta son anneau, qu’il avait repris à Aman, et le donna à Mardochée ; et Esther établit Mardochée sur la maison d’Aman.

3Ensuite Esther parla de nouveau en présence du roi ; se jetant à ses pieds, elle le supplia avec larmes d’écarter les effets de la méchanceté d’Aman, du pays d’Agag, et des projets qu’il avait formés contre les Juifs. 4Le roi tendit le sceptre d’or à Esther, qui se releva et se tint debout devant le roi. 5« Si le roi le trouve bon, dit-elle, et si j’ai trouvé grâce devant lui, si la chose paraît convenable au roi et si je suis agréable à ses yeux, qu’on écrive pour révoquer les lettres conçues par Aman, fils d’Amadatha, du pays d’Agag, et écrites par lui dans le but de faire périr les Juifs qui sont dans toutes les provinces du roi. 6Car comment pourrais-je voir le malheur qui atteindrait mon peuple, et comment pourrais-je voir l’extermination de ma race ? » 7Le roi Assuérus dit à la reine Esther et au Juif Mardochée : « Voici que j’ai donné à Esther la maison d’Aman, et il a été pendu au bois pour avoir étendu la main contre les Juifs. 8Vous, écrivez en faveur des Juifs comme il vous plaira, au nom du roi, et scellez avec l’anneau du roi ; car une lettre[1] écrite au nom du roi et scellée avec l’anneau royal ne peut être révoquée. »

9Les secrétaires du roi furent alors appelés, le vingt-troisième jour du troisième mois[2], qui est le mois de Sivan, et l’on écrivit, conformément à tout ce qu’ordonna Mardochée, aux Juifs, aux satrapes, aux gouverneurs et aux chefs des provinces, des cent vingt-sept provinces situées de l’Inde à l’Éthiopie, à chaque province selon son écriture, à chaque peuple selon sa langue, et aux Juifs selon leur écriture et selon leur langue. 10On écrivit au nom du roi Assuérus, et l’on scella avec l’anneau royal. On expédia les lettres par l’intermédiaire de courriers[3] à cheval, montés sur des coursiers de l’État, provenant des haras du roi. 11Par ces lettres, le roi permettait aux Juifs, en quelque ville qu’ils fussent, de se rassembler et de défendre leur vie, de détruire, de tuer et de faire périr, avec leurs petits enfants et leurs femmes, les troupes de chaque peuple et de chaque province qui les attaqueraient, et de livrer leurs biens au pillage, 12et cela en un seul jour, dans toutes les provinces du roi Assuérus, le treizième jour[4] du douzième mois, qui est le mois d’Adar.

Voir le texte de l’édit, fragment VIII, ch. 16, 1-24.

13Une copie de l’édit, qui devait être publié comme loi dans chaque province, fut adressée ouverte à tous les peuples, afin que les Juifs fussent prêts ce jour-là à se venger de leurs ennemis[5]. 14Aussitôt les courriers, montés sur des coursiers de l’État, partirent en toute hâte, d’après l’ordre du roi.

L’édit fut aussi publié dans Suse, la capitale.

5. Chap. viii, 15-ix, 16 : Joie des Juifs, leur vengeance.Gloire de Mardochée et joie des Juifs (viii, 15-17). Le 13 d’Adar, revanche des Juifs soutenus par les officiers du roi (ix, 1-4). Massacres à Suse (ix, 5-10) ; Esther obtient que la revanche se prolonge le lendemain (ix, 11-15). En province (ix, 16).

15Mardochée sortit de chez le roi avec un vêtement royal bleu et blanc, une

  1. VIII, 8. Car une lettre…, la Vulg. fait de ces mots une réflexion de l’auteur du livre.
  2. 9. Le 23e jour du 3e mois, un peu plus de deux mois après le premier édit (iii, 12; Sivan correspondait à notre juin). Ce temps paraît bien long, si l’on considère l’insistance que mit Mardochée à presser la démarche d’Esther et la rapidité de la chute d’Aman. Le grec paraît avoir conservé la date véritable : le 23e jour du 1er mois, appelé Nisan, de la même année.
  3. 10. On expédia les lettres par des courriers. Les LXX n’ont pas la fin du vers. Vulg. par des courriers qui, allant en hâte au travers des provinces, devaient, par les nouveaux messages, prévenir l’effet des premières lettres.
  4. 12. Le 13e jour, celui auquel était fixé l’exécution de l’édit d’Aman (iii, 13).
  5. 13. Dans le texte grec, ce verset forme la conclusion de la lettre d’Assuérus en faveur des Juifs (xvi, 24).