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et que je ne puis résister à ses instances.”

6Alors Raphaël, prenant quatre des serviteurs de Raguel et deux chameaux, se rendit à Ragès, ville des Mèdes. Ayant trouvé Gabélus, il lui rendit son billet et en reçut tout l’argent ; 7et, après lui avoir raconté tout ce qui était arrivé à Tobie, fils de Tobie, il le fit venir avec lui aux noces. 8Lorsque Gabélus entra dans la maison de Raguel, il trouva Tobie à table ; celui-ci se leva aussitôt ; ils se baisèrent mutuellement, et Gabélus pleura et bénit Dieu, 9en disant : “Que le Dieu d’Israël te bénisse, car tu es le fils d’un homme excellent, juste et craignant Dieu, et faisant beaucoup d’aumônes ! 10Que la bénédiction se répande aussi sur ta femme et sur vos parents ! 11Puissiez-vous voir vos fils et les fils de vos fils, jusqu’à la troisième et à la quatrième génération ! Que votre postérité soit bénie du Dieu d’Israël, qui règne dans les siècles des siècles !” 12Tous ayant dit : Amen ! ils se mirent à table, et c’est dans la crainte de Dieu qu’ils firent le festin des noces.


9. Chap. x, 1-13 : Départ de Tobie.[1]Inquiétude causée aux parents de Tobie par son absence (x, 1-7). Tobie se soustrait aux instances de Raguel (x, 8-10a) ; celui-ci prend congé de sa fille, ses présents et ses recommandations (x, 10b-13).

Pendant que Tobie différait son départ à cause de ses noces, son père Tobie était rempli d’inquiétude : “D’où vient, se disait-il, le retard de mon fils ? Quelle raison peut le retenir dans ce pays ? 2Gabélus serait-il mort, et n’y aurait-il plus personne pour lui rendre cet argent ?” 3Il commença donc à s’attrister beaucoup, lui et Anne, sa femme, et ils se mirent ensemble à pleurer de ce que leur fils n’était pas revenu près d’eux au jour marqué. 4Sa mère surtout répandait des larmes intarissables : “Hélas ! hélas ! mon fils, disait-elle, pourquoi t’avons-nous envoyé si loin, toi qui étais la lumière de nos yeux, le bâton de notre vieillesse, la consolation de notre vie et l’espérance de notre postérité ? 5Nous qui avions tout en toi seul, nous n’aurions pas dû t’éloigner de nous.” 6Tobie lui disait : “Cesse tes plaintes et ne te trouble pas ; notre fils se porte bien et l’homme avec qui nous l’avons fait partir est très fidèle.” 7Mais rien ne pouvait la consoler ; sortant chaque jour de sa maison, elle regardait de tous côtés, et allait sur tous les chemins par lesquels il y avait espoir qu’il reviendrait, afin, s’il était possible, de l’apercevoir de loin.

8Cependant Raguel disait à son gendre : “Reste ici, et j’enverrai des nouvelles de ta santé à Tobie, ton père.” 9Tobie lui répondit : “Je sais que mon père et ma mère comptent les jours et que leur esprit se tourmente au-dedans d’eux.” 10Après avoir fait encore de grandes instances à Tobie, sans que celui-ci voulût rien entendre à ses raisons, Raguel lui remit Sara avec la moitié de tout ce qu’il possédait, en serviteurs et en servantes, en troupeaux, en chameaux, en vaches, en argent, dont il avait beaucoup, et il le laissa partir, plein de santé et de joie, 11en disant : “Que le saint ange du Seigneur soit en votre chemin, qu’il vous conduise jusque chez vous sains et saufs ; puissiez-vous trouver toute chose prospère chez vos parents, et puissent mes yeux voir vos enfants avant que je meure !” 12Et le père et la mère, prenant leur fille, l’embrassèrent et la laissèrent aller, 13après lui avoir recommandé d’honorer ses beaux-parents, d’aimer son mari, de bien conduire sa famille, de gouverner sa maison et de se conserver elle-même sans reproche.[2]


10. Chap. xi, 1-21 : Retour de Tobie auprès de ses parents : À Charan : Raphael conseille à Tobie de devancer la caravane (xi, 1-4). Anne aperçoit son fils et l’annonce à son mari (xi, 5, 6). Raphaël dit à Tobie ce qu’il doit faire pour la guérison de son père (xi, 7, 8). L’arrivée (xi, 9-11). Tobie l’ancien est guéri de sa cécité (xi, 12-17). Arrivée de Sara, récit du voyage, actions de grâces et festins (xi, 18-21).

Comme ils s’en retournaient, ils arrivèrent le onzième jour à Charan,[3] ville située à moitié chemin vers Ninive. 2Et l’ange dit : “Tobie, mon frère, tu sais[4]

  1. X. Le sens est à peu près le même dans le grec, mais avec quelques omissions et variantes.
  2. 13. Les LXX ajoutent : Et Edna dit à Tobie : “Frère bien-aimé,… voici que je te confie ma fille en dépôt, garde-toi de lui causer de la peine.”
  3. XI. 1. Charan (ce nom est diversement écrit dans les manuscrits), localité inconnue, probalement sur les frontières de l’Assyrie proprement dite, mais certainement distincte de la ville de Charan ou Haran en Mésopotamie, où séjournèrent Abraham et Jacob (Gen. xi, 31 ; xxvii, 43). Les LXX portent : “Après cela, Tobie partit, bénissant Dieu qui lui avait fait faire un si heureux voyage ; et il donnait des louanges à Raguel et à Edna son épouse. Il marcha jusqu’à ce qu’il fût près de Ninive.”
  4. 2. Dans les LXX, l’ange énonce, encore un autre motif pour lequel Tobie doit prendre les devants, c’est de préparer la maison pour recevoir la jeune femme.