Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/315

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vois un dieu qui monte de la terre.” 14Il lui dit : “Quelle figure a-t-il ?” Et elle répondit : “C’est un vieillard qui monte, et il est enveloppé d’un manteau.” Saül comprit que c’était Samuel, et il se jeta le visage contre terre et se prosterna.

15Samuel dit à Saül : “Pourquoi m’as-tu troublé, en me faisant monter ?” Saül répondit : “Je suis dans une grande détresse : les Philistins me font la guerre, et Dieu s’est retiré de moi ; il ne m’a répondu ni par les prophètes ni par les songes. Je t’ai évoqué pour que tu me fasses connaître ce que j’ai à faire.” 16Samuel dit : “Pourquoi me consultes-tu, puisque Yahweh s’est retiré de toi et qu’il est devenu ton adversaire[1] ? 17Yahweh a agi comme il l’avait annoncé par mon intermédiaire : Yahweh a arraché la royauté de ta main, et l’a donnée à ton compagnon, à David. 18Parce que tu n’as pas obéi à la voix de Yahweh, et que tu n’as pas traité Amalec selon l’ardeur de sa colère, c’est pour cela que Yahweh a ainsi agi envers toi en ce jour. 19Et même Yahweh livrera Israël avec toi aux mains des Philistins. Demain, toi et tes fils, vous serez avec moi, et Yahweh livrera le camp d’Israël entre les mains des Philistins.” 20Aussitôt Saül tomba par terre de toute sa hauteur, car les paroles de Samuel l’avaient rempli d’effroi ; de plus, les forces lui manquaient, car il n’avait pris aucune nourriture de tout le jour et de toute la nuit.

21La femme vint vers Saül et, voyant son grand trouble, elle lui dit : “Ta servante a obéi à ta voix ; j’ai exposé ma vie, en obéissant aux paroles que tu m’as dites[2]. 22Écoute maintenant, toi aussi, la voix de ta servante, et que je t’offre un morceau de pain ; manges-en, pour avoir de la force lorsque tu poursuivras ta route.” 23Mais il refusa et dit : “Je ne mangerai point.” Ses serviteurs, ainsi que la femme, le pressèrent, et il se rendit à leurs instances. Il se leva de terre et s’assit sur le divan. 24La femme avait chez elle un veau gras, elle se hâta de le tuer et, prenant de la farine, elle la pétrit et en cuisit des pains sans levain. 25Elle les mit devant Saül et devant ses serviteurs, et ils mangèrent. Puis s’étant levés, ils partirent la nuit même.


3. Chap. xxix, 1-11 : David renvoyé de l’armée par les Philistins.Jalousie des chefs des Philistins contre David et ses gens (xxix, 1-3) ; ils réclament son départ (xxix, 4, 5). À regret, Achis renvoie David (xxix, 6-10), qui retourne au pays des Philistins (xxix, 11).

Les Philistins rassemblèrent toutes leurs troupes à Aphec, et Israël était campé près de la source, en Jezraël. 2Pendant que les princes des Philistins s’avançaient en tête des centaines et des milliers, et que David et ses gens marchaient à l’arrière-garde avec Achis, 3les chefs des Philistins dirent : “Qu’est-ce que ces Hébreux ?” Achis répondit aux chefs des Philistins : “N’est-ce pas ce David, serviteur de Saül, roi d’Israël, qui est avec moi depuis des jours et depuis des années, sans que j’aie trouvé en lui la moindre chose à reprocher, depuis qu’il a passé vers nous jusqu’à ce jour.” 4Mais les chefs des Philistins s’irritèrent contre Achis, et les chefs des Philistins lui dirent : “Renvoie cet homme, et qu’il retourne dans le lieu où tu l’as établi ; qu’il ne descende pas avec nous à la bataille, de peur qu’il ne soit pour nous un adversaire pendant le combat. Et comment pourrait-il rentrer en grâce auprès de son maître, si ce n’est en lui offrant les têtes de ces hommes ? 5N’est-ce pas ce David pour qui l’on chantait en dansant :

Saül a tué ses mille,
et David ses dix mille.

6Achis appela David et lui dit : “Aussi vrai que Yahweh est vivant ! tu es un homme droit, et je vois de bon œil toute ta conduite avec moi dans le camp, car je n’ai rien trouvé de mauvais en toi, depuis le jour où tu es venu vers moi jusqu’à ce jour ; mais tu déplais aux yeux des princes[3]. 7Retourne donc et va-t-en en paix, pour ne rien faire de désagréable aux yeux des princes des Philistins.” 8David dit à Achis : “Mais qu’ai-je fait, et qu’as-tu trouvé en ton serviteur, depuis le jour où je suis venu auprès de toi jusqu’à ce jour, pour que je n’aille pas combattre les ennemis de mon seigneur le roi ?” 9Achis répondit et dit à David : “Je sais que tu as été bon à mon égard comme un ange de Dieu ; mais les chefs des Philistins disent : il ne montera point avec nous à la bataille. 10Ainsi[4] lève-toi de

  1. Et il est devenu ton adversaire. LXX, et il est avec ton compagnon.
  2. J’ai exposé ma vie, m. à m., j’ai pris mon âme en ma main, peut-être dans le sens de : J’ai pris mon courage à deux mains.
  3. Et je vois de bon œil toute ta conduite avec moi dans le camp. M. à m. Et il est bon à mes yeux de te voir sortir et entrer avec moi dans le camp.
  4. Après qui sont venus avec toi, on a dans les LXX : puis vous irez à l’endroit où je vous ai installés. Ne garde pas de ressentiment en ton cœur, car tu m’es agréable. Levez vous, etc.