Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

son écuyer fut d’environ vingt hommes, sur la longueur d’un demi-sillon d’un arpent de terre. 15L’épouvante se répandit dans le camp des Philistins, dans la campagne et dans tout le peuple ; le poste aussi et l’armée de destruction furent saisis de peur ; la terre trembla : c’était une terreur de Dieu.

16Les sentinelles de Saül qui étaient à Gabaa de Benjamin virent comment la multitude des Philistins se dispersait et allait de côté et d’autre. 17Saül dit au peuple qui était avec lui : “Faites la revue et voyez qui s’en est allé d’avec nous.” Ils firent la revue, et voici qu’il n’y avait ni Jonathas ni son écuyer. 18Et Saül dit à Achias : “Fais approcher l’arche de Dieu.” — Car l’arche de Dieu était en ce jour-là avec les enfants d’Israël[1]. — 19Pendant que Saül parlait au prêtre, le tumulte qui se faisait dans le camp des Philistins allait croissant ; et Saül dit au prêtre : “Retire ta main.” 20Puis Saül et tout le peuple qui était avec lui, s’étant rassemblés, s’avancèrent jusqu’au lieu du combat, et voici que l’épée de l’un était tournée contre l’autre, et la confusion était extrême. 21Les Hébreux qui étaient auparavant avec les Philistins, étant montés avec eux au camp tout autour, se mirent eux aussi du côté de ceux d’Israël qui étaient avec Saül et Jonathas. 22Tous les hommes d’Israël qui s’étaient cachés dans la montagne d’Ephraïm, apprenant la fuite des Philistins, s’attachèrent également à les poursuivre en combattant. 23C’est ainsi que Yahweh délivra Israël ce jour-là.

Le combat se poursuivit jusqu’à Beth-Aven[2].

24Les hommes d’Israël étaient à bout de forces en ce jour-là. Saül fit jurer le peuple, en disant : “Maudit soit l’homme qui prendra de la nourriture jusqu’au soir, jusqu’à ce que je me sois vengé de mes ennemis !” Et personne ne goûta de nourriture[3]. 25Tout le peuple vint dans la forêt, et il y avait du miel à la surface du sol. 26Et le peuple entra dans la forêt, il vit du miel qui coulait ; mais nul ne porta la main à la bouche, car le peuple avait crainte du serment[4]. 27Mais Jonathas n’avait pas entendu lorsque son père avait fait faire le serment au peuple ; il avança l’extrémité du bâton qu’il avait à la main et, l’ayant plongé dans un rayon de miel, il ramena sa main à sa bouche, et ses yeux furent éclaircis. 28Alors quelqu’un du peuple, prenant la parole, lui dit : “Ton père a fait jurer le peuple, en disant : Maudit soit l’homme qui prendra de la nourriture aujourd’hui ! Et le peuple était épuisé[5].” 29Jonathas dit : “Mon père a causé le malheur du peuple. Voyez donc comme mes yeux sont clairs, parce que j’ai goûté un peu de ce miel ! 30Ah ! Si le peuple avait mangé aujourd’hui du butin trouvé chez ses ennemis, combien la défaite des Philistins n’aurait-elle pas été plus grande[6] !” 31Ils battirent ce jour-là les Philistins depuis Machmas jusqu’à Ajalon, et le peuple était tout défaillant. 32Le peuple se jeta sur le butin et, ayant pris des brebis, des bœufs et des veaux, il les égorgèrent sur la terre, et le peuple en mangea avec le sang. 33On le rapporta à Saül, en disant : “Voici que le peuple pèche contre Yahweh, en mangeant la chair avec le sang.” Saül dit : “Vous avez commis une infidélité, roulez à l’instant vers moi une grande pierre.” 34Et Saül dit : “Dispersez-vous parmi le peuple, et dites-leur : Amenez-moi chacun votre bœuf et chacun votre brebis[7] ; égorgez-les ici ; vous en mangerez alors et vous ne pécherez pas contre Yahweh en mangeant avec le sang.” Et chacun parmi tout le

  1. Saül dit au grand prêtre Achias de consulter le Seigneur sur ce qu’il y avait à faire dans la circonstance présente. Fais approcher l’arche de Dieu : l’expression fais approcher est toujours employée pour l’éphod, jamais pour l’arche ; de plus, c’était avec l’éphod, par l’Urim et le Thummim, non avec l’arche, qu’on interrogeait le Seigneur ; en outre, l’arche paraît avoir été alors à Cariathiarim ; enfin les LXX de leur temps et ont traduit, apporte l’éphod, car il (Achias) portait l’éphod en ce jour (temps)-là en présence d’Israël, étant grand prêtre. Ces raisons font soupçonner une altération dans le texte hébreu actuel.
  2. Bethaven LXX : Béthoron. Les LXX ajoutent : Et tout le peuple était avec Saül, environ dix mille hommes et le combat se répandait dans toute la montagne d’Ephraïm.
  3. Étaient à bout de forces. La Vulg. (lisant nagash au lieu de niggas) traduit, s’approchèrent, se réunirent. Les LXX lisent : Et Saül commit une grande erreur en ce jour-là.
  4. Tout le peuple, m. à m. toute la terre, tout le pays. Les LXX traduisent ainsi la fin du vers. 25 (à partir de dans la forêt ; on notera que yaar signifie forêt et rayon de miel) et le début du vers. 26 : Et il y avait un rayon de miel sur la surface du sol, et, comme le peuple arrivait près du rayon, voici que l’essaim était parti ; mais nul, etc.
  5. Et le peuple était épuisé. Les LXX fournissent la base d’une leçon peut-être meilleure : et il en a averti le peuple.
  6. Combien la défaite, etc. Interprétation du mot à mot : Car maintenant la défaite n’a pas été grande chez les Philistins. Les LXX n’ont pas la négation ; car maintenant la défaite eût été plus grande chez les Philistins.
  7. Pendant la nuit ; Vulg., jusqu’à la nuit. — Son bœuf par la main ; ou, avec les LXX, le bétail qu’il avait sous la main.