Page:La Sainte Bible, trad Crampon, édition 1923.djvu/169

Cette page n’a pas encore été corrigée

fuis, va-t’en chez toi ! J’avais dit que je te comblerais d’honneur ; et voici, Yahweh t’écarte de l’honneur.” 12Balaam répondit à Balac : “N’ai-je pas dit à tes messagers que tu m’as envoyés : 13Quand Balac me donnerait plein sa maison d’argent et d’or, je ne pourrai transgresser l’ordre de Yahweh, en faisant de moi-même une chose bonne ou mauvaise ; mais ce que Yahweh me dira, je le dirai ? 14Et maintenant, voici, je m’en vais vers mon peuple ; viens donc, que je t’annonce ce que ce peuple fera à ton peuple dans la suite des jours.”

15Et Balaam prononça son discours et dit :

Oracle de Balaam, fils de Béor,
oracle de l’homme dont l’œil est fermé ;
16oracle de celui qui entend les paroles de Dieu,
qui connaît la science du Très-Haut,
qui contemple la vision du Tout-puissant,
qui tombe, et dont les yeux s’ouvrent.

17Je le vois, mais non comme présent ;
je le contemple, mais non de près.
Un astre sort de Jacob,
un sceptre s’élève d’Israël.
Il brise les deux flancs de Moab,
il extermine tous les fils du tumulte[1].
18Edom est sa possession ;
Séïr, son ennemi, est sa possession,
et Israël déploie sa vaillance.
19De Jacob sort un dominateur[2],
il fait périr dans les villes ce qui reste d’Edom.

20Balaam vit Amalec, et il prononça son discours et dit :

Amalec est la première des nations
et sa fin sera la ruine.

21Balaam vit le Cinéen, et il prononça son discours et dit :

Ta demeure est solide,
et ton nid posé sur le roc[3].
22Toutefois le Cinéen ira se consumant ;
jusqu’à quand ? Assur l’emmènera en captivité.

23Balaam prononça son discours et dit :

Hélas ! qui subsistera quand Dieu fera cela ?
24Des navires viennent de Citthim ;
ils oppriment Assur, ils oppriment Héber,
et lui aussi est voué à la ruine.

25Balaam s’étant levé, se mit en route et s’en retourna chez lui ; Balac s’en alla aussi de son côté.

  1. Un astre, symbole naturel de la grandeur et de l’éclat d’un souverain. De là la croyance de l’ancien monde, qui lait lever une étoile à la naissance ou à l’intronisation des grands rois. voy. Is. xiv, 12 : Dan. viii, 10 : Apoc. i ; 16. 20 ; ii, ix, 1. Comp. Virg. Eglog. ix, 47 ; Horace, Od. i, xii, 26 sv.). C’est seulement dans la personne du Christ que l’étoile de Jacob s’est levée pour le monde ; mais l’astre, ou plutôt le météore qui guida les sages de l’Orient jusqu’à la crèche de Bethléem (Matth. ii. 1-11), n’en est pas moins en relation intime avec notre prophétie. Sans doute, ce n’est pas lui que le fils de Béor vit briller dans un lointain avenir ; mais ce météore fut pour les Mages comme un signe sensible par lequel Dieu leur fit connaître intérieurement que le Roi des Juifs, le Sauveur du monde, dont l’étoile de Balaam était le symbole, venait de naître. — Les deux flancs de Moab, Moab d’une extrémité à l’autre ; le mot hébreu signifie les deux côtés d’une chose en général. La Vulg., après les LXX, prend ce mot dans le sens métaphorique de soutiens et traduit, les chefs de Moab.
  2. Un dominateur : ce dominateur, ainsi que l’étoile et le sceptre, vise, non un individu, mais une série de rois d’Israël, ou même le royaume d’Israël en général, type et précurseur de celui du Messie.
  3. Ton nid, en hébr. ken : allusion au nom de Cinéen.