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Chap. II, 12.
Chap. III, 9.
ÉPÎTRE AUX COLOSSIENS.

par le dépouillement de ce corps de chair. 12Ensevelis avec lui dans le baptême, vous avez été dans le même baptême ressuscités avec lui par votre foi à l’action de Dieu, qui l’a ressuscité d’entre les morts. 13Vous qui étiez morts par vos péchés et par l’incirconcision de votre chair, il vous a rendus à la vie avec lui, après nous avoir pardonné toutes nos offenses. 14Il a détruit l’acte qui était écrit contre nous et nous était contraire avec ses ordonnances, et il l’a fait disparaître en le clouant à la croix ; 15il a dépouillé les principautés et les puissances, et les a livrées hardiment[1] en spectacle, en triomphant d’elles par la croix. 16Que personne donc ne vous condamne sur le manger et le boire, ou au sujet d’une fête, d’une nouvelle lune ou d’un sabbat : 17ce n’est là que l’ombre des choses à venir, mais la réalité se trouve dans le Christ. 18Qu’aucun homme ne vous fasse perdre la palme du combat, par affectation d’humilité et de culte des anges, tandis qu’il s’égare en des choses qu’il n’a pas vues, et qu’il s’enfle d’un vain orgueil par les pensées de la chair, 19sans s’attacher au chef,[2] duquel tout le corps, à l’aide des liens et des jointures, s’entretient et grandit par l’accroissement que Dieu lui donne. 20Si vous êtes morts avec le Christ aux rudiments du monde, pourquoi, comme si vous viviez dans le monde, vous soumettez-vous à ces prescriptions : 21« Ne prends pas ! Ne goûte pas ! Ne touche pas ? » 22— Toutes ces choses vont à la corruption par l’usage même qu’on en fait. — Ces défenses ne sont que des préceptes et des enseignements humains.[3] 23Elles ont quelque apparence de sagesse avec leur culte volontaire, leur humilité, et leur mépris pour le corps, mais elles sont sans valeur réelle, et ne servent qu’à la satisfaction de la chair.



DEUXIÈME PARTIE [MORALE]

Chap. iii, 1-iv, 6. — a) Devoirs généraux. Vivre pour le ciel (1-4). Se dépouiller du vieil homme ; se revêtir du nouveau (5-17). — b) Devoirs particuliers : des personnes mariées (18-19), des enfants et des parents 20-21), des esclaves et des maîtres (22 — iv, 1). — c) Conclusion : prière continuelle et sagesse chrétienne (iv, 2-6).

Si donc vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les choses d’en haut, où le Christ demeure assis à la droite de Dieu ; 2affectionnez-vous aux choses d’en haut, et non à celles de la terre : 3car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec le Christ en Dieu. 4Quand le Christ, votre vie, apparaîtra, alors vous apparaîtrez, vous aussi, avec lui dans la gloire. 5Faites donc mourir vos membres, les membres de l’homme terrestre, la fornication, l’impureté, la luxure, toute mauvaise convoitise et la cupidité qui est une idolâtrie : 6toutes choses qui attirent la colère de Dieu sur les fils de l’incrédulité, 7parmi lesquels vous aussi, vous marchiez autrefois, lorsque vous viviez dans ces désordres. 8Mais maintenant, vous aussi, rejetez toutes ces choses, la colère, l’animosité, la méchanceté ; que les injures et les paroles déshonnêtes soient bannies de votre bouche. 9N’usez point de mensonge les uns envers les autres, puisque vous avez dépouillé le vieil homme[4]

    n’est donc pas autre chose que dépouiller le vieil homme. (Col. iii, 9 ; Eph. iv, 22). La leçon actuelle de la Vulgate oppose entre eux les deux membres de la phrase ; elle établit ainsi une antithèse entre la circoncision matérielle des judaïsants et la circoncision spirituelle des chrétiens. Mais cette leçon paraît défectueuse. La particule sed ne se trouve dans aucun exemplaire grec et manque dans beaucoup d’anciens manuscrits de la Vulgate.

  1. 15. Hardiment. La Vulg. ajoute palam, publiquement, donnant ainsi deux interprétations du même mot. En spectacle, gr. ἐδειγμάτισεν, il a étalé aux yeux, dans une sorte de procession triomphale, ses ennemis vaincus et captifs. Ne s’agirait-il pas ici des mêmes anges que Col. i, 16, lesquels ne seraient précisément ni les bons ni les mauvais anges de la Bible, mais ces êtres intermédiaires que les faux docteurs de Colosses, imbus d’idées gnostiques, imaginaient entre Dieu et le monde, et auxquels ils attribuaient l’honneur de la création et de la rédemption universelle ? C’est cet honneur que le Christ leur a ravi ; c’est de cette gloire imméritée qu’il les a dépouillés par sa mort sur la croix. En parlant de ces esprits célestes, produits d’une vaine rêverie, comme d’êtres réels, Paul se placerait au point de vue des judaïsants gnostiques, qui d’ailleurs en avaient emprunté l’idée au monde réel des anges.
  2. 19. Au chef, J.-C., chef du corps de l’Église.
  3. 22. D’autres :… Ne touche pas ! L’usage de ces choses conduit à la perte éternelle. Oui, répond ironiquement l’Apôtre, mais d’après les prescriptions humaines des faux docteurs.
  4. III, 9. Vieil homme, l’homme naturel, tel qu’il descend d’Adam, avec le péché originel, et incliné au mal (Rom. vi, 6 ; Eph. iv, 22).