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Chap. I, 19.
Chap. II, 18.
ÉPÎTRE AUX GALATES.

pour faire la connaissance de Céphas, et je demeurai quinze jours auprès de lui. 19Mais je ne vis aucun des autres Apôtres, si ce n’est Jacques, le frère du Seigneur. 20En tout ce que je vous écris là, je l’atteste devant Dieu, je ne mens pas. 21J’allai ensuite dans les contrées de la Syrie et de la Cilicie. 22Or, j’étais inconnu de visage aux Églises de Judée qui sont dans le Christ ; 23seulement elles avaient entendu dire que celui qui les persécutait autrefois annonçait maintenant la foi qu’il s’efforçait alors de détruire. 24Et elles glorifiaient Dieu à mon sujet.


Ensuite, quatorze ans[1] plus tard, je montai à nouveau à Jérusalem avec Barnabé ayant aussi pris Tite avec moi. 2Ce fut d’après une révélation que j’y montai, et je leur exposai l’Évangile que je prêche parmi les Gentils ; je l’exposai en particulier à ceux qui étaient les plus considérés, de peur de courir ou d’avoir couru en vain. 3Or on n’obligea même pas Tite qui m’accompagnait, et qui était Grec, à se faire circoncire. 4Et cela, à cause des faux frères[2] intrus, qui s’étaient glissés parmi nous pour épier la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire en servitude. 5Nous n’avons pas consenti, même pour un instant, à nous soumettre à eux, afin que la vérité de l’Évangile fût maintenue parmi vous. 6Quant à ceux qu’on tient en si haute estime, — ce qu’ils ont été autrefois ne m’importe pas : Dieu ne fait point acception des personnes, — ces hommes si considérés ne m’imposèrent rien de plus. 7Au contraire, voyant que l’Évangile m’avait été confié pour les incirconcis, comme à Pierre pour les circoncis, 8— car celui qui a fait de Pierre l’apôtre des circoncis a aussi fait de moi l’apôtre des Gentils, — 9et ayant reconnu la grâce qui m’avait été accordée, Jacques, Céphas et Jean, qui sont regardés comme des colonnes, nous donnèrent la main, à Barnabé et à moi, en signe de communion, pour aller, nous aux païens, eux aux circoncis. 10Seulement nous devions nous souvenir des pauvres, ce que j’ai eu bien soin de faire.[3] 11Mais lorsque Céphas vint à Antioche, je lui résistai en face, parce qu’il était digne de blâme.[4] 12En effet, avant l’arrivée de certaines gens de l’entourage de Jacques, il mangeait avec les païens ; mais après leur arrivée, il s’esquiva, et se tint à l’écart, par crainte des partisans de la circoncision. 13Avec lui, les autres Juifs usèrent aussi de dissimulation, en sorte que Barnabé lui-même s’y laissa entraîner. 14Pour moi, voyant qu’ils ne marchaient pas droit selon la vérité de l’Évangile, je dis à Céphas en présence de tous : « Si toi qui es Juif, tu vis à la manière des Gentils et non à la manière des Juifs, comment peux-tu forcer les Gentils à judaïser ? »[5] 15Pour nous, nous sommes Juifs de naissance, et non pécheurs d’entre les Gentils. 16Cependant sachant que l’homme est justifié, non par les œuvres de la Loi, mais par la foi dans le Christ Jésus, nous aussi nous avons cru au Christ Jésus, afin d’être justifiés par la foi en lui et non par les œuvres de la Loi ; car nul homme[6] ne sera justifié par les œuvres de la Loi. 17Or si, tandis que nous cherchons à être justifiés par le Christ, nous étions nous-mêmes trouvés pécheurs…, le Christ serait-il donc un ministre du péché ? Loin de là ![7]

18Car si ce que
  1. II, 1. Quatorze ans après sa conversion. C’est le voyage auquel les Actes font allusion xi, 30 et xii, 25. Les conférences particulières qu’il eut alors avec les chefs de l’Église de Jérusalem ne doivent pas se confondre avec le Concile de Jérusalem. Ce Concile n’eut lieu qu’après la composition de l’Épître aux Galates vers l’an 51. L’argumentation de S. Paul exige qu’il ne passe pas sous silence ce second voyage fait à Jérusalem. D’autre part on ne s’explique pas qu’il ne fasse aucune mention dans cette Épître du Concile de Jérusalem qui résolvait la question débattue, sinon parce qu’il n’avait pas encore eu lieu.
  2. 4. Faux frères, judéo-chrétiens de Judée, venus à Antioche (Act. xv, 1, 2).
  3. 10. Rom. xv, 27.
  4. 11. L’incident d’Antioche eut lieu peu après le retour de S. Paul de sa première mission, (Act. xv, 30) et avant que S. Paul écrivit son Épître aux Galates (vers l’an 50). La condescendance de Céphas était dangereuse dans les circonstances où elle se produisait. Par sa conduite, l’Apôtre pouvait laisser croire que les observances de la loi conservaient toute leur efficacité au point de vue du salut. De plus, contrairement à son intention, il semblait par là vouloir porter les chrétiens de la Gentilité à se les imposer, éloignant ainsi les païens de l’Évangile et jetant dans l’Église des germes funestes de division.
  5. 14. Paul, dans les vers. 15-21, continue selon la plupart des exégètes, son discours à Pierre, dont il ne donne plus que les idées principales, sans le reproduire textuellement.
  6. 16. Nul homme : litt. nulle chair.
  7. 17. Sens : si la foi en J.-C. nous laisse encore pécheurs, c’est-à-dire semblables aux païens ; si elle n’a pas par elle-même, et sans les œuvres de la Loi, la vertu de nous conduire à la justice, il s’ensuit que J.-C. nous aurait entraînés à un abandon coupable de la loi ; il serait comme la cause et comme le ministre de cet état de péché dans lequel les fidèles se trouveraient encore.