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Chap. X, 1.
Chap. X, 30.
ACTES DES APÔTRES.



B. — En la personne de Corneille, S. Pierre reçoit les Gentils dans l’Église.

[X, 1 — XI, 18.]
1. Sur l’ordre d’un ange, le centurion Corneille envoie chercher S. Pierre (x, 1-8). — Vision de S. Pierre (9-16). Il se rend à Césarée, auprès de Corneille (17-27) ; il l’interroge (28-33) ; lui adresse un discours (34-43) ; puis l’admet au baptême avec ses compagnons, après que le Saint-Esprit fut descendu sur eux (44-48).

Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centurion dans la cohorte Italique, 2Religieux et craignant Dieu, ainsi que toute sa maison, il faisait beaucoup d’aumônes au peuple et priait Dieu sans cesse.

3Dans une vision, vers la neuvième heure[1] du jour, il vit clairement un ange de Dieu qui entra chez lui et lui dit : “Corneille !” 4Fixant les yeux sur l’ange et saisi d’effroi, il s’écria : “Qu’est-ce, Seigneur ?” L’ange lui répondit : “Tes prières et tes aumônes sont montées devant Dieu comme un mémorial.[2] 5Et maintenant envoie des hommes à Joppé, et fais venir un certain Simon, surnommé Pierre ; 6il est logé chez un corroyeur, appelé Simon, dont la maison est située auprès de la mer.” 7L’ange qui lui parlait étant parti, Corneille appela deux de ses serviteurs et un soldat pieux parmi ceux qui étaient attachés à sa personne, 8et après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé.

9Le jour suivant, comme les messagers étaient en route et qu’ils s’approchaient de la ville, Pierre monta sur le toit, vers la sixième heure, pour prier. 10Puis, ayant faim, il désirait manger. Pendant qu’on lui préparait son repas, il tomba en extase : 11il vit le ciel ouvert, et quelque chose en descendre, comme une grande nappe, attachée par les quatre coins et s’abaissant vers la terre ;[3] 12à l’intérieur se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre, et les oiseaux du ciel. 13Et une voix lui dit : “Lève-toi, Pierre ; tue et mange.” 14Pierre répondit : “Oh ! non, Seigneur, car jamais je n’ai rien mangé de profane ni d’impur.” 15Et une voix lui parla de nouveau : “Ce que Dieu a déclaré pur, ne l’appelle pas profane.” 16Cela se fit par trois fois, et aussitôt après la nappe fut retirée dans le ciel.

17Or Pierre cherchait en lui-même ce que pouvait signifier la vision qu’il avait eue, et voici que les hommes envoyés par Corneille, s’étant informés de la maison de Simon, se présentèrent à la porte ; 18et ayant appelé, ils demandèrent si c’était là qu’était logé Simon, surnommé Pierre. 19Et comme Pierre était à réfléchir sur la vision, l’Esprit lui dit : “Voici trois hommes qui te cherchent. 20Lève-toi, descends et pars avec eux sans crainte, car c’est moi qui les ai envoyés.” 21Aussitôt Pierre descendit vers eux : “Je suis, leur dit-il, celui que vous cherchez, quel est le motif qui vous amène ?” 22Ils répondirent : “Le centurion Corneille, homme juste et craignant Dieu, à qui toute la nation juive rend témoignage, a été averti par un ange saint de te faire venir dans sa maison et d’écouter tes paroles.” 23Pierre les fit donc entrer et les logea. Le lendemain, s’étant levé, il partit avec eux, et quelques-uns des frères de Joppé l’accompagnèrent.

24Ils entrèrent à Césarée le jour suivant. Corneille les attendait, et il avait invité ses parents et ses amis intimes. 25Quand Pierre entra, Corneille alla au-devant de lui, et tombant à ses pieds il se prosterna. 26Mais Pierre le releva en disant : “Lève-toi ; moi aussi je suis un homme.” 27Et tout en s’entretenant avec lui, il entra et trouva beaucoup de personnes réunies.

28Il leur dit : “Vous savez qu’il est défendu à un Juif de se lier avec un étranger ou d’entrer chez lui ; mais Dieu m’a appris à ne regarder aucun homme comme souillé ou impur.[4] 29Aussi suis-je venu sans hésitation, dès que vous m’avez envoyé chercher. Je vous prie donc de me dire pour quel motif vous m’avez fait venir.”

30Corneille répondit : “Il y a en ce moment quatre jours que je jeûnais et

  1. X, 3. La neuvième heure, correspondait à notre troisième heure après-midi.
  2. 4. Le mot μνημότυνον, mémorial, est, dans les LXX, un terme liturgique dont le sens est offrande de souvenir, ou de parfums. Les aumônes sont donc comparées ici à une oblation ou sacrifice non sanglant.
  3. XI. L’objet paraissait une nappe, dont les quatre coins semblaient attachés ensemble.
  4. 28. L’interdiction de se lier avec un étranger ne se trouve pas formellement dans la Loi ; elle venait de la coutume des Pharisiens et de l’interprétation des Docteurs. Comp. xi, 2.