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Chap. V, 24.
Chap. VI, 2.
ACTES DES APÔTRES.

mais après avoir ouvert, nous n’avons trouvé personne à l’intérieur.” 24Quand le grand prêtre, le commandant du temple et les princes des prêtres eurent entendu ces paroles, ils furent dans une grande perplexité au sujet des prisonniers, ne sachant ce que ce pouvait être. 25En ce moment quelqu’un vint leur dire : “Ceux que vous aviez mis en prison, les voilà dans le temple et ils enseignent le peuple.” 26Le commandant se rendit aussitôt avec ses agents, et les amena sans leur faire violence, car ils craignaient d’être lapidés par le peuple. 27Les ayant amenés, il les firent comparaître devant le Sanhédrin, et le grand prêtre les interrogea, 28en disant : “Nous vous avons expressément défendu d’enseigner ce nom-là, et voilà que vous avez rempli Jérusalem de votre doctrine, et vous voulez faire retomber sur nous le sang de cet homme !” 29Pierre et les Apôtres répondirent : “On doit obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes. 30Le Dieu de nos pères a ressuscité Jésus, que vous avez fait mourir en le pendant au bois. 31Dieu l’a élevé par sa droite comme Prince et Sauveur, pour donner à Israël le repentir et le pardon des péchés. 32Et nous sommes ses témoins pour ces choses, avec le Saint-Esprit que Dieu a donné à ceux qui lui sont dociles.”

33Exaspérés[1] de ce qu’ils venaient d’entendre, les membres du conseil étaient d’avis de les faire mourir. 34Mais un Pharisien, nommé Gamaliel,[2] docteur de la loi, vénéré de tout le peuple, se leva dans le sanhédrin, et, ayant ordonné de faire sortir un instant les Apôtres, 35il dit : “Enfants d’Israël, prenez garde à ce que vous allez faire à l’égard de ces hommes. 36Car il n’y a pas longtemps parut Théodas, qui se donnait pour un personnage ; environ quatre cents hommes s’attachèrent à lui : il fut tué, et tous ceux qui l’avaient suivi furent dispersés et réduits à néant.[3] 37Après lui s’éleva Judas le Galiléen, à l’époque du recensement, et il attira du monde à son parti : il périt aussi, et tous ses partisans ont été dispersés.[4] 38Voici maintenant le conseil que je vous donne : Ne vous occupez plus de ces gens-là, et laissez-les aller. Si cette idée ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira d’elle-même ; 39mais si elle vient de Dieu, vous ne sauriez la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir lutté contre Dieu même.”

40Ils se rendirent à son avis, et ayant rappelé les Apôtres, ils les firent battre de verges ; puis ils leur défendirent de parler au nom de Jésus, et les relâchèrent. 41Les Apôtres sortirent du sanhédrin, joyeux d’avoir été jugés dignes de souffrir des opprobres pour le nom de Jésus.

42Et chaque jour, dans le temple et dans les maisons, ils ne cessaient d’annoncer Jésus comme le Christ.



C. — Election de sept diacres. Martyre de S. Etienne.
[VI — II, 60.]


1. — Diffusion de l’Église ; les sept diacres (vi, 1-7).

En ces jours-là, le nombre des disciples augmentant, les Hellénistes élevèrent des plaintes contre les Hébreux, parce que leurs veuves étaient négligées dans l’assistance de chaque jour.[5]

2Alors les Douze ayant assemblé la multitude des disciples, leur dirent : “Il ne convient
  1. 33. Exaspérés, litt. : sciés de part en part (διεπρίοντο), c’est-à-dire l’âme toute déchirée de rage.
  2. 34. Un pharisien nommé Gamaliel : probablement le célèbre Gamaliel, petit-fils de Hillel, et le maître de S. Paul (Act. xxii, 3).
  3. 36. Ce Théodas ou Theudas est peut-être le même que Mathias ben Margalot qui provoqua, vers la fin du règne d’Hérode, un soulèvement contre la domination romaine (Josèphe, Antiq. xvii, 6, 2 ; Guerre des Juifs, i, 23, 2). La différence des noms n’est qu’apparente. Théodas contracté de Théodoros, c’est-à-dire don de Dieu, est la traduction grecque de l’hébreu Matthias. À cette époque bien des Juifs portaient un double nom, l’un hébreu, l’autre grec ou romain, celui-ci n’était souvent que la traduction de celui-là.
  4. 37. À l’époque du recensement, fait sous Auguste par Quirinius, gouverneur de Syrie pour la seconde fois. Ce recensement qui eut lieu l’an 6 ou 7 de notre ère, après la destitution d’Archélaus et l’incorporation de la Judée à l’empire romain fut le signal de la révolte de Judas le Galiléen, et l’occasion de la guerre qui en résulta. (Voy. Josèphe, Antiq. xviii, 1, 1 ; 1, 6 ; xx, 5, 2 ; Guerre des Juifs, ii, 8, 1).
  5. VI, 1. Parmi les Juifs convertis, les uns étaient des Juifs, Palestiniens de naissance et de mœurs, parlant l’idiome national qui était alors l’araméen, les autres étaient issus de familles émigrées depuis longtemps en Asie-Mineure, en Égypte, dans toutes les colonies grecques de l’Orient ; leur langue était le grec. Les premiers sont appelés ici Hébreux, les seconds Hellénistes. Parmi ces derniers un certain nombre avaient quitté leur patrie d’adoption et étaient venus s’établir à Jérusalem.