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Chap. IV, 1.
Chap. IV, 36.
ÉVANGILE SELON S. JEAN.



III. — MANIFESTATION DE LA GLOIRE DIVINE DE JÉSUS EN SAMARIE.

[IV, 1 — 42.]

Jésus retourne en Galilée par la Samarie (1-4). Entretien avec la Samaritaine (5-30) ; avec ses disciples ; sa nourriture surnaturelle ; le moissonneur et la moisson (31-38). Beaucoup de Samaritains croient en lui (39-42).

Quand le Seigneur connut que les Pharisiens avaient appris que Jésus faisait plus de disciples et en baptisait plus que Jean, 2— toutefois ce n’était pas Jésus lui-même qui baptisait, mais ses disciples, — 3il quitta la Judée, et s’en alla de nouveau en Galilée. 4Or, il lui fallait passer par la Samarie.

5Il vint donc en une ville de Samarie, nommée Sichar[1], près du champ que Jacob avait donné à son fils Joseph. 6Or, là était le puits de Jacob. Jésus fatigué de la route, s’assit tout simplement[2] au bord du puits : il était environ la sixième heure. 7Une femme de Samarie vint puiser de l’eau. Jésus lui dit : “Donnez-moi à boire.” 8Car ses disciples étaient allés à la ville pour acheter des vivres. 9La femme samaritaine lui dit : “Comment vous, qui êtes Juif, me demandez-vous à boire, à moi qui suis Samaritaine ?” (les Juifs, en effet, n’ont pas de commerce avec les Samaritains). 10Jésus lui répondit : “Si vous connaissiez le don de Dieu, et qui est celui qui vous dit : Donnez-moi à boire, vous même lui en auriez fait la demande, et il vous aurait donné de l’eau vive. — 11Seigneur, lui dit la femme, vous n’avez rien pour puiser, et le puits est profond : d’où auriez-vous donc cette eau vive ? 12Êtes-vous plus grand que notre père Jacob, qui nous a donné ce puits, et en a bu lui-même, ainsi que ses fils et ses troupeaux ?” 13Jésus lui répondit : “Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai, n’aura plus jamais soif ;[3] 14au contraire l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant jusqu’à la vie éternelle.” 15La femme lui dit : “Seigneur, donnez-moi de cette eau, afin que je n’aie plus soif, et que je ne vienne plus puiser ici. — 16Allez, lui dit Jésus, appelez votre mari, et venez ici.” 17La femme répondit : “Je n’ai point de mari.” Jésus lui dit : “Vous avez raison de dire : Je n’ai point de mari ; 18car vous avez eu cinq maris, et celui que vous avez maintenant n’est pas à vous ; en cela, vous avez dit vrai.” 19La femme dit : “Seigneur, je vois que vous êtes un prophète. 20Nos pères ont adoré sur cette montagne, et vous, vous dites que c’est à Jérusalem qu’est le lieu où il faut adorer.”[4] 21Jésus dit : “Femme, croyez-moi, l’heure vient où ce ne sera ni sur cette montagne, ni dans Jérusalem, que vous adorerez le Père. 22Vous adorez ce que vous ne connaissez pas ; nous, nous adorons ce que nous connaissons, car le salut vient des Juifs. 23Mais l’heure approche, et elle est déjà venue, où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité ; ce sont de tels adorateurs que le Père demande. 24Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, doivent l’adorer en esprit et en vérité.” 25La femme lui répondit : “Je sais que le Messie (celui qu’on appelle Christ) va venir ; lorsqu’il sera venu, il nous instruira de toutes choses.” 26Jésus lui dit : “Je le suis, moi qui vous parle.”

27Et à ce moment arrivèrent ses disciples, et ils s’étonnèrent de ce qu’il parlait avec une femme ; néanmoins, aucun ne dit : “Que demandez-vous ?” ou : “Pourquoi parlez-vous avec elle ?”[5]

28La femme, alors, laissant là sa cruche, s’en alla dans la ville, et dit aux habitants : 29“Venez voir un homme qui m’a dit ce que j’ai fait ; ne serait-ce point le Christ ?” 30Ils sortirent de la ville, et vinrent à lui. 31Pendant l’intervalle, ses disciples le pressaient, en disant : “Maître, mangez.” 32Mais il leur dit : “J’ai à manger une nourriture que vous ne connaissez pas.” 33Et les disciples se disaient les uns aux autres : “Quelqu’un lui aurait-il apporté à manger ?” 34Jésus leur dit : “Ma nourriture est de faire la volonté de celui qui m’a envoyé et d’accomplir son œuvre. 35Ne dites-vous pas vous-mêmes : Encore quatre mois, et ce sera la moisson ? Moi, je vous dis : Levez les yeux, et voyez les champs qui déjà blanchissent pour la moisson.[6]

36Le moissonneur reçoit son salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle, afin que le semeur
  1. IV, 5. Sichar, village à 2 ou 3 kilomètres de Sichem ou Naplouse.
  2. 6. Tout simplement (litt ainsi, de la sorte), sans façon : d’autres : fatigué comme il l’était. — La sixième heure, midi.
  3. 13. Is. xlix, 10 ; li, 1.
  4. 20. Nos pères. les Samaritains du temps de Néhémie qui ont bâti un temple sur le mont Garizim.
  5. 27. Arrivèrent de Sichar avec des vivres (vers. 8).
  6. 35. C’était quatre mois avant la moisson. Or la moisson s’ouvrant en Palestine vers la mi-