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ÉVANGILE SELON S. JEAN


PROLOGUE.

Le Verbe fait chair.

[I, 1 — 18.]

Préface générale : Le Verbe dans ses rapports avec Dieu, le monde créé, et les hommes (1-5) — Préface historique : Le Précurseur et la manifestation du Verbe (6-13) — L’Incarnation et ses fruits (14-18).


Au commencement[1] était le Verbe,
et le Verbe était en Dieu,
et le Verbe était Dieu.
2Il était au commencement en Dieu.
3Tout par lui a été fait,
et sans lui n’a été fait
rien de ce qui existe.[2]
4En lui était la vie,
et la vie était la lumière des hommes,
5Et la lumière luit dans les ténèbres,
et les ténèbres ne l’ont point reçue.[3]

6Il y eut un homme,
envoyé de Dieu ;
son nom était Jean.
7Celui-ci vint en témoignage,
pour rendre témoignage à la lumière,
afin que tous crussent par lui :
8non que celui-ci fût la lumière,
mais il avait à rendre témoignage à la lumière.
9La lumière, la vraie,[4]
celle qui éclaire tout homme,
venait dans le monde.
10Il (le Verbe) était dans le monde,
et le monde par lui a été fait,
et le monde ne l’a pas connu.
11Il vint chez lui,
et les siens ne l’ont pas reçu.
12Mais quant à tous ceux qui l’ont reçu,[5]
Il leur a donné le pouvoir

  1. I, 1. Les versets 1-18 servent de prologue ou d’introduction au quatrième Évangile. — Ce prologue n’est pas en vers, mais il est composé d’après un certain rythme dans la coupure et l’agencement des membres de phrases, qui sera rendu plus sensible par la disposition typographique.
    Au commencement (Ἐν ἀρχῇ). Cf. Gen. i, 1.
    En Dieu, plus littéralement, vers Dieu, en grec : πρὸς τὸν θεόν, construction qui paraît exprimer l’activité ad intra et les relations personnelles du Verbe.
  2. 3. Les interprètes alexandrins, et plusieurs Pères Latins, entre autres S. Augustin et S Hilaire, mettaient un point après nihil, et traduisaient ainsi : Sans lui rien n’a été fait. Ce qui a été fait en lui (le Verbe), était vie. Quelques-uns traduisent ainsi cette dernière phrase (Quant à) ce qui a été fait en cela était la vie, c.‑à-d. la vie a paru dans le monde. Ici d’après les uns la vie sous toutes ses formes, selon d’autres et mieux la vie surnaturelle, puisqu’elle est identifiée à la lumière, à la vérité révélée (S. Augustin, Bossuet, Elevat. xii)
  3. 5. Le verbe peut se rendre : ne l’ont point saisie, c.‑à-d. arrêtée, étouffée ; cf xii, 35.
  4. 9. Vraie ici n’est pas opposée à fausse ; le mot grec (ἀληθινὸν) signifie originelle, absolue, essentielle, non empruntée à une autre, par opposition à la lumière empruntée. — En rapportant à la rigueur, ἐρχόμενον à ἄνθρωπον. On aurait comme la Vulgate : Il était la vraie lumière qui éclaire tout homme venant en ce monde.
  5. 12. (Rom. viii, 29 ; I Jean, iii, 1).