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Chap. III, 8.
Chap. III, 19.
LIVRE DE NAHUM.

Qui la plaindra ?
Où te chercherai-je des consolateurs ?
8Vaux-tu mieux que No-Amon[1],
qui était assise sur les fleuves,
que les eaux environnaient,
qui avait la mer pour rempart,
et dont la mer était la muraille ?
9L’Éthiopie était sa force, ainsi que l’Égypte,
et ils étaient innombrables ;
Phut[2] et les Libyens étaient tes auxiliaires.
10Pourtant, elle est allée en exil, elle a été captive ;
ses petits enfants aussi ont été écrasés,
à l’angle de toutes les rues ;
on a jeté le sort sur ses nobles,
et tous ses grands ont été chargés de chaînes.

11Toi aussi, tu seras enivrée et tu disparaîtras[3] ;
toi aussi, tu chercheras un refuge devant l’ennemi.
12Toutes tes places fortes
sont des figuiers aux figues mûres ;
on secoue, et elles tombent
dans la bouche de qui veut les manger.
13Voici que ton peuple est comme des femmes au milieu de toi ;
devant tes ennemis s’ouvriront toutes grandes
les portes de ton pays ;
le feu dévore tes verrous.

14Puise-toi de l’eau en vue du siège,
restaure tes forts,
pétris l’argile[4] et foule la terre glaise,
saisis le moule à briques.
15Là le feu te dévorera,
l’épée t’exterminera,
elle te dévorera comme le yéléq,
quand tu serais nombreux comme le yéléq,
nombreux comme la sauterelle.

16Tu as multiplié tes marchands[5],
plus que les étoiles du ciel ;
le yéléq ouvre ses ailes et s’envole.
17Tes gardes sont comme le yéléq
et tes chefs comme un amas de sauterelles ;
elles se posent sur les haies en un jour froid ;
dès que le soleil paraît, elles fuient,
et l’on ne connaît plus leur séjour ; où sont-elles ?
18Tes pasteurs sont endormis, roi d’Assyrie ;
tes vaillants hommes sont couchés,
ton peuple est dispersé sur les montagnes,
et il n’y a personne qui les rassemble.

19Ta blessure est sans remède,
ta plaie est grave ;
tous ceux qui entendront raconter ton sort
battront des mains à ton sujet ;
car sur qui ta méchanceté n’a-t-elle pas passé sans trêve ?

  1. 8. No-Amon, cap. de la Haute Égypte. — Les fleuves, le Nil et ses canaux. — La mer ; les grands fleuves sont souvent appelés mer, par ex. l’Euphrate Is. xxvii, 1 ; Jér. li, 36 ; le Nil, Is. xix, 5 ; etc.
  2. 9. Phut, les habitants de la côte septentrionale de l’Afrique jusqu’à la Mauritanie. — Les Libyens proprement dits. — Tes auxiliaires ; LXX, ses auxiliaires.
  3. 11. Tu disparaîtras. D’autres : tu seras objet de dédain.
  4. 14. Pétris l’argile, afin de réparer les murailles avec des briques, soit séchées au soleil, soit cuites au four.
  5. 16. Tes marchands etc. ; mais ils ne seront pas pour toi une force : dès que l’ennemi paraîtra, ils prendront la fuite avec la rapidité de la sauterelle. — Le yéléq, une espèce de sauterelle, ou encore un des états de la sauterelle au cours de ses métamorphoses. — Ouvre ses ailes. D’autres : se répand, fait invasion ; ou encore, se dépouille ou mue.