« Que la paix vous soit donnée en abondance ! 27Par moi est publié l’ordre que dans toute l’étendue de mon royaume on craigne et on tremble devant le Dieu de Daniel ; car il est le Dieu vivant, qui subsiste éternellement ; son royaume ne sera jamais détruit et sa domination n’aura pas de fin. 28Il délivre et il sauve, il fait des signes et des prodiges au ciel et sur la terre ; c’est lui qui a délivré Daniel de la griffe des lions. »
29Et ce Daniel prospéra sous le règne de Darius et sous le règne de Cyrus le Perse.
DEUXIÈME PARTIE.
[VII, 1 — XII, 13.]
LES VISIONS DE DANIEL.
1La première année[1] du règne de Baltasar, roi de Babylone, Daniel, étant sur sa couche, vit un songe et des visions en son esprit. Il écrivit ensuite le songe et raconta la substance des faits.
2Daniel prit la parole et dit : « je voyais dans ma vision pendant la nuit, et voici que les quatre vents du ciel fondaient sur la grande mer[2], 3Et quatre grandes bêtes[3] montèrent de la mer, différentes l’une de l’autre. 4La première était semblable à un lion[4] et avait des ailes d’aigle. Je contemplais, jusqu’au moment où ses ailes furent arrachées, et où elle fut enlevée de terre, et dressée sur ses pieds, comme un homme, et où un cœur d’homme lui fut donné. 5Et voici une autre bête, une deuxième, ressemblant à un ours[5] ; elle dressait l’un de ses côtés, et trois côtes étaient dans sa gueule entre ses dents, et on lui disait : « Lève-toi, mange beaucoup de chair ! 6Après cela, je regardais, et voici une autre bête semblable a un léopard[6] ; elle avait sur son dos quatre ailes d’oiseau, et la bête avait quatre têtes ; et la domination lui fut donnée.
- ↑ VII, 1. La première année, vers l’an 540 av. J—C ; car Baltasar, qui fut tué en 538, n’avait rempli les fonctions de vice-roi que pendant un petit nombre d’années.
- ↑ 2. La grande mer agitée par les quatre vents symbolise le monde païen et ses agitations.
- ↑ 3. Quatre bêtes : comp. Apoc. xiii, 1. Les prophètes représentent souvent les nations sous l’emblème d’animaux, réels ou fantastiques : voy. Is. xxvii, 1 ; li, 9 ; Ezéch. xxix, 3 ; xxxii, 2. Comp. Ps. lxviii, 31 ; lxxiv, 13.
- ↑ 4. La première, un lion, avec des ailes d’aigle, symbole de force et d’agilité, symbolise le premier empire, la monarchie babylonienne. Comp. Jér. iv, 7, 13 ; xlix, 19 sv. ; Ezéch. xvii, 3 ; Hab. i, 8 ; etc. Ces emblèmes correspondent à la tête d’or de la statue du ch. ii, 32. Ses ailes furent arrachées etc. Ces traits se rapportent aux dernières années de l’empire babylonien, affaibli et tombant sous les coups des Médo-Perses ; ce n’est plus le lion vigoureux, ni l’aigle rapide mais l’homme faible et mortel, incapable de se défendre contre la deuxième bête. Selon d’autres, ces images feraient allusion au châtiment de Nabuchodonosor, lorsque ce roi fut pour un temps réduit à l’état de brute, puis redevint homme, après avoir reconnu la souveraineté du Dieu d’Israël.
- ↑ 5. Un ours, symbolise la seconde monarchie, l’empire médo-perse, figuré par la poitrine et les bras d’argent de la statue (ii. 32. 39). — Elle dressait un de ses côtés (Vulg., elle se tint à côté du lion), une de ses jambes pour l’attaque. — Trois côtes, emblème des vastes conquêtes de l’empire médo-perse du côté de l’occident, du côté du septentrion et du côté du midi ; ou bien figure des trois principales conquêtes de Cyrus, savoir la Babylonie, la Lydie et l’Égypte. — Pour un certain nombre d’exégètes modernes, le second empire, c’est la Médie seule.
- ↑ 6. Un léopard, symbolise la troisième monarchie, l’empire macédonien et les rapides conquêtes d’Alexandre le Grand (comp. viii, 21), et il correspond au ventre et aux cuisses d’airain de la statue du chap, ii 32, 39. — Sur son dos quatre ailes,… quatre têtes : ce sont les quatre monarchies (xi, 4) dans lesquelles l’empire grec, qu’Alexandre n’avait pas eu le temps d’organiser, se divisa, ou plutôt se réalisa (comp. viii, 8-22). Ces quatre Etats sont la Macédoine, la Thrace, la Syrie et l’Égypte. D’autres commentateurs voient dans le léopard le symbole de la monarchie perse ; les quatre têtes figureraient quatre rois persans (sur neuf) que l’auteur aurait connus.