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LIVRE DE DANIEL



PREMIÈRE PARTIE.
[I, 1 — VI, 29.]
ÉPISODES DE D’HISTOIRE DE DANIEL.

1. Chap. i, 1-21 : Daniel à la cour du roi de Babylone.Après la défaite de Joakim (i, 1, 2). Daniel et ses compagnons ; leur fidélité aux observances alimentaires d’Israël (i, 3-8) ; prodiges en leur faveur (i, 9-16) ; éducation et succès (i, 17-21).

La troisième année du règne de Joakim, roi de Juda, Nabuchodonosor, roi de Babylone, vint contre Jérusalem et l’assiégea[1]. 2Le Seigneur livra entre ses mains Joakim[2], roi de Juda, et une partie des vases de la maison de Dieu ; et il les emporta au pays de Sennaar, dans la maison de son dieu, et il déposa les vases dans le trésor de son dieu.

3Le roi dit à Asphenez, chef de ses eunuques, d’amener d’entre les enfants d’Israël, de la race royale ou de la noblesse, 4des jeunes gens sans aucun défaut, beaux de figure, doués de toutes sortes de talents, instruits et intelligents, pleins de vigueur, pour qu’ils se tinssent dans le palais du roi et qu’on leur enseignât la littérature et la langue des Chaldéens.[3] 5Le roi leur assigna pour chaque jour une portion des mets royaux et du vin dont il buvait, afin que, ayant été élevés pendant trois ans, ils se tinssent au bout de ce temps devant le roi. 6Il y avait parmi eux, d’entre les enfants de Juda, Daniel, Ananias, Misaël et Azarias. 7Le chef des eunuques leur donna des noms ; il appela Daniel Baltassar, Ananias Sidrac, Misaël Misac, et Azarias Abdénago[4].

8Daniel résolut en son cœur de ne pas

  1. I, 1. Roi de Babylone. Nabuchodonosor n’était encore à cette époque que prince héréditaire et co-régent de son père Nabopolassar ; l’auteur le désigne par le titre sous lequel il est connu dans l’histoire. — Vint contre : le point de départ de l’expédition est assigné à la troisième année de Joakim, mais la prise de Jérusalem n’eut lieu que l’année suivante (Jér. xlvi, 2). C’est de la quatrième année du règne de Joakim que datent les soixante-dix années de la captivité.
  2. 2. Le Seigneur livra entre ses mains : Dieu se servit de Babylone pour punir Jérusalem infidèle. — Joakim : d’après II Par. xxxvi, 6, Nabuchodonosor le fit enchaîner pour l’emmener à Babylone. Si le roi de Juda y fut conduit, il en revint bientôt après ; mais, d’après II Rois, xxiv, 1, il est plus probable que Nabuchodonosor le laissa gouverner la Judée en qualité de roi tributaire. D’après II Rois, xxiii, 36, il régna onze ans ; et Jérémie xxii, 18 sv. prédit qu’il mourra à Jérusalem.
  3. 3-4. Chef de ses eunuques : ce dernier nom était donné dans l’antiquité (Gen. xxxvii, 36) à tous les officiers de la cour attachés au service du prince ; Asphenez était donc le grand officier du palais. — D’amener des jeunes gens, probablement de quatorze à quinze ans, non comme prisonniers ni comme otages, mais destinés à occuper un emploi à la cour. — Doués de toutes sortes de talents ; m. à m., habiles en toute sagesse. — La littérature et la langue des Chaldéens, non seulement la langue et l’écriture en usage à Babylone au temps de Nabuchodonosor, mais surtout les livres sacrés des Babyloniens, désignés ici d’une manière générale par le mot Chaldéens (hébr. Kasdîm), les formules magiques, les règles pour l’interprétation des songes, les observations d’astronomie et de météorologie ; ils étaient rédigés dans une langue, ou au moins dans une écriture, plus ancienne et différente de celles destinées à l’usage ordinaire.
  4. 7. Des noms nouveaux, correspondant à leur nouvelle position, noms babyloniens pour la langue et païens pour le sens. — Baltassar, hébr. Beltsch’atsar, babyl. Balatsu-utsur, c.-à-d. que Bel protège sa vie. — Sidrac et Misac : non expliqués jusqu’ici. — Abdénago, hébr ’Abed-Nego, c.-à-d. serviteur de Nego ou Nebo, divinité babylonenne (Is. xlvi, 1).