17Et nous, nos yeux se consumaient encore
à attendre un vain secours ;[1]
du haut de nos tours, nous regardions
vers une nation qui ne peut sauver.
18Ils[2] épiaient nos pas,
nous empêchant de marcher dans nos places.
Notre fin approche, nos jours sont accomplis ;
oui, notre fin est arrivée !
19Ceux qui nous poursuivaient ont été plus légers
que les aigles du ciel ;
ils nous ont pourchassés sur les montagnes ;
ils nous ont dressé des embûches dans le désert.[3]
20Le souffle de nos narines,[4] l’oint de Yahweh,
a été pris dans leurs fosses,
lui dont nous disions : « À son ombre
nous vivrons parmi les nations. »
21Réjouis-toi et sois dans l’allégresse, fille d’Édom,
qui habite au pays de Hus !
À toi aussi passera la coupe ;
tu t’enivreras et tu te mettras à nu.
22Ton iniquité a pris fin, fille de Sion,
il ne t’enverra[5] plus en exil.
Il visite ton iniquité, fille d’Édom ;
il met à découvert tes péchés.
CINQUIÈME LAMENTATION.
[V, 1-22.]
PRIÈRE DE JÉRÉMIE, LE PROPHÈTE.
1Souviens-toi,[6] Yahweh, de ce qui nous est arrivé,
regarde et vois notre opprobre.
2Notre héritage a passé à des étrangers,
nos maisons à des inconnus.
3Nous sommes orphelins, sans père ;
nos mères sont comme des veuves.
4Nous buvons notre eau à prix d’argent,
le bois ne nous vient que pour un salaire.
- ↑ 17. Un vain secours, particulièrement celui de l’Égypte (Jér. xxxvii, 5).
- ↑ 18. Ils : les Chaldéens, qui avaient élevé des terrasses assez rapprochées de la ville pour pouvoir lancer des flèches et des pierres jusque dans les rues et les places.
- ↑ 19. Ceux même qui avaient pu s’échapper de la ville sont tombés entre les mains des Chaldéens. Ainsi Sédécias, dans le désert de Jéricho, Voy. Jér. xxxix, 5 ; lii, 8 ; II Rois, xxv, 5. Comp. Deut. xxviii, 49.
- ↑ 20. Le souffle de nos narines, le roi Sédécias, descendant de David, celui dont dépendait l’existence même de la nation, qui était comme le souffle de sa vie.
- ↑ 22. Il ne t’enverra plus. Il s’agit de Yahweh.
- ↑ V. La Vulgate présente, au début du cinquième poème, un titre. Prière de Jérémie le prophète qui n’existe pas en hébreu ni dans les LXX. — Ce poème, bien qu’il ne soit pas alphabétique comme les précédents, compte autant de distiques qu’il y a de lettres dans l’alphabet.