Page:La Sainte Bible, trad. Segond.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il était réservé à notre époque de s’affranchir de cette crainte pusillanime, tendant à faire considérer une version, œuvre tout humaine, comme une espèce d’arche sainte à laquelle il n’est pas permis de toucher sans être accusé de profanation. Aujourd’hui, grâce à un courant plus libéral et à des appréciations plus judicieuses, il n’y a pas à risquer la censure ou le bûcher pour qui, s’écartant de ses devanciers, essaie de donner à ses frères une interprétation plus fidèle des choses qui nous ont à tous été révélées.

Loin de là. Dans les divers rangs de la société religieuse protestante, on a senti l’insuffisance des versions actuellement en usage, et qui sont au milieu de nous comme un précieux héritage de la piété de nos pères. De toutes parts aussi, on a compris qu’il y avait des inconvénients majeurs à procéder indéfiniment par la voie des révisions ; de toutes parts, on a réclamé une version nouvelle, qui, travaillée d’après les textes sacrés, fût un reflet plus direct de leur véritable contenu. Et en même temps, par une étonnante dispensation de la Providence, des ouvriers étaient suscités par elle pour répondre largement à ce besoin. Quatre versions, au lieu d’une, seront désormais à la disposition de chacun. Trois d’entre elles ont été déjà publiées, à Neuchâtel, à Lausanne, à Paris[1], toutes les trois remarquables, élaborées par des hommes de foi et de science. Celle-ci est la quatrième. Ces quatre versions, assez divergentes d’aspect et de style, conçues à part et mises à exécution presque simultanément par leurs auteurs, concordent néanmoins pour les résultats essentiels. Nos Églises et les membres de nos Églises pourront ainsi faire leur choix en pleine liberté.


II

Les personnes qui liront attentivement notre traduction de l’Ancien Testament, surtout si elles ont quelque notion de la langue hébraïque, reconnaîtront par elles-mêmes les principes qui nous ont servi de guide. Il est bon néanmoins de les rappeler sommairement, pour qu’il ne reste à cet égard aucune équivoque.

Une condition préliminaire indispensable, c’est une indépendance d’esprit et de situation, qui place le traducteur en dehors de toute influence propre à le détourner du soin exclusif de rechercher et d’exprimer le vrai sens du Livre sacré. Qu’il se dégage des préoccupations dogmatiques, sans avoir souci de ce qui peut plaire ou déplaire aux partis théologiques qui divisent les chrétiens. La Bible a été écrite pour tous les hommes : c’est

  1. La version de Paris n’est pas encore achevée : huit livraisons ont paru.