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à son travail, a pour base celle de Lefèvre d’Étaples. Calvin la recommanda, sans en dissimuler les fautes, et invitant à l’indulgence. Il entreprit lui-même des corrections, mais il ne se fit aucune illusion sur la portée de semblables retouches ; car, dans un avis placé en tête de l’édition de 1561, la dernière avant sa mort, Calvin exprime le vœu “que quelque savant homme, garni de tout ce qui est requis dans une telle œuvre, se consacre tout entier pendant une demi-douzaine d’ans à la traduction de la Bible.”

La Compagnie des Pasteurs de Genève, sollicitée en outre par plusieurs pasteurs des Églises réformées de langue française, s’employa d’une manière active à réaliser le vœu de Calvin. À défaut d’un homme unique, elle remit la tâche à quelques-uns de ses membres, parmi lesquels Théodore de Bèze. Enfin, en l’année 1588, parut cette version officielle et impatiemment attendue, la première que publièrent collectivement les pasteurs et professeurs de l’Église de Genève.

C’était, en réalité, une simple révision de la Bible d’Olivetan, diversement amendée dans les éditions qui s’étaient succédé depuis 1535 ; elle adopta les variantes tantôt de l’une, tantôt de l’autre de ces éditions, et, comme élément nouveau, elle était enrichie d’un grand nombre de notes marginales. Dans une épître, placée en tête du volume, les auteurs, sans prétendre qu’on ne puisse faire mieux, émettent le désir qu’on s’en tienne à leur œuvre. Somme toute, répondant à des instances réitérées et partant d’un Corps vénéré, la version genevoise de 1588 se présenta avec une telle autorité et fut si bien accueillie des Églises réformées qu’elle ferma jusqu’à nos jours, pour ainsi dire, l’accès à toute tentative de traduction indépendante, d’après les textes originaux et en conformité avec les progrès dans les études historiques, philologiques et exégétiques. Les éditions se multiplièrent soit à Genève, soit à l’étranger, à peu près sans autres changements que ceux nécessités par les règles et les usages de la langue française : et encore resta-t-on sous ce rapport toujours en arrière.

On se tromperait si l’on pensait que les Bibles de Martin et d’Ostervald renferment des traductions nouvelles, ou même diffèrent notablement de la version genevoise. Elles ne firent, à l’origine, que reproduire Genève 1588. Leurs auteurs ne s’en cachèrent pas, comme on peut le lire sur les titres de la première édition de Martin (Amsterdam 1707) et de la première édition d’Ostervald (Amsterdam 1724), et comme il est facile de s’en convaincre par la comparaison du contenu. C’est, du reste, grâce à cette circonstance qu’elles obtinrent le transeat dans les Églises, et ceci atteste une fois de plus l’autorité dont a si longtemps joui la version de Genève. Ce qui constituait le mérite réel des publi-