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but au célèbre Alcuin. Et, quand arriva l’invention de l’imprimerie, on eut bientôt des éditions offrant entre elles les plus grandes diversités, selon les manuscrits dont on s’était servi. Néanmoins, le concile de Trente déclara la Vulgate seule version officielle de l’Église (1546), et le pouvoir pontifical se chargea, moyennant de nouvelles corrections, de publier une édition authentique, qui parut vers la fin du seizième siècle. Qui dira jusqu’à quel point elle reproduit l’œuvre primitive de Jérôme ?

Nous touchons au mouvement religieux qui donna naissance au protestantisme, tirant presque toute sa force du contenu de la Parole Sainte, et assurant par là ses meilleurs succès. Un fait regrettable, mais à signaler, c’est qu’aucun de nos grands Réformateurs de langue française n’associa son nom, comme Luther en Allemagne, à une traduction de la Bible en langue vulgaire et nationale. Calvin ne nous a laissé que des préfaces et des commentaires, indépendamment de tout ce qui du reste servit de point d’application à son génie.

La version qu’on a l’habitude de considérer comme la plus ancienne dans le sein des Églises réformées est celle de Pierre-Robert Olivetan, de Noyon en Picardie, parent de Calvin. Elle parut en 1535. Mais, si l’on veut avoir un point de départ plus exact de nos versions protestantes, il faut remonter à la Bible de Lefèvre d’Étaples, dont la première édition complète fut publiée à Anvers en 1530. Il faut même remonter plus haut, et bien antérieurement à la Réformation, quand on veut se rendre compte du travail de Lefèvre, et avoir une juste idée des remaniements postérieurs. À dater du douzième siècle, dans les pays de langue romane, on eut une série de Bibles historiées et glosées, les premières dans lesquelles le fond scripturaire se trouvait noyé au milieu d’additions souvent bizarres et étrangères aux faits bibliques, les secondes dans lesquelles le texte était mélangé de notes et commentaires de diverse nature. Tous ces recueils, greffés les uns sur les autres, partaient d’une souche toujours la même, la Vulgate, plus ou moins comprise, défigurée, ou enveloppée d’additions. Lefèvre, tout en reproduisant, avec quelques modifications, l’œuvre de ses devanciers, fit disparaître du texte les gloses pour les reléguer dans des notes distinctes, ne voulant “rien ajouter ni retrancher aux paroles du Livre.” C’est là le service éminent qu’il rendit à la cause biblique, et qui a pu le faire envisager comme le premier auteur des versions protestantes, malgré ces mots qu’il inscrivit sur le titre de sa Bible : “Translatée en français selon la pure et entière traduction de sainct Hierome.”

La Bible d’Olivetan, qui ne consacra guère plus d’une année