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dans la demeure. Tout le bétail était sain et sauf ; mais la majeure partie du mobilier, des provisions de bouche et des vêtements était devenue la proie des flammes. Sitôt qu’ils eurent fini, les frères se mirent en route vers le Sud, rejoignirent le roi Harald à Thrandheim et restèrent quelque temps auprès de lui. Ils étaient taciturnes et causaient peu avec les gens. Un beau jour ils se présentèrent devant le roi, et Ölvir dit : « Nous voulons, nous deux, ô roi, te demander l’autorisation de retourner chez nous et de rentrer dans nos fermes, attendu qu’il s’est passé ici des événements qui nous enlèvent toute envie de partager la boisson et les sièges avec des gens qui ont porté les armes contre Thorolf, notre parent. » Le roi le regarda et lui répondit d’un ton assez bref : « Je ne vous le permettrai pas ; vous resterez ici auprès de moi. »

Les frères s’éloignèrent et reprirent leurs sièges. Le lendemain, le roi se trouvait dans la salle des audiences. Il y fit mander Ölvir et son frère. « Vous allez savoir, » dit-il, « ce que j’ai à répondre à votre démarche concernant la permission de rentrer chez vous. Vous êtes restés longtemps auprès de moi ; vous vous êtes comportés en hommes d’honneur ; vous avez toujours fait preuve de bravoure ; sous tous les rapports j’ai de vous une bonne opinion. Maintenant, Eyvind, je désire que tu ailles dans le Nord au Halogaland ; je veux te donner en mariage, à Sandnes, Sigrid, la veuve de Thorolf ; je te donnerai toute la fortune qui a appartenu à Thorolf et, en outre, tu auras mon amitié, si tu t’y prends de manière à la mériter. Quant à Ölvir, il restera en ma compagnie ; à cause de ses talents[1], je ne veux pas le laisser partir. »

Les deux frères remercièrent le roi de l’honneur qu’il leur faisait, disant qu’ils étaient tout disposés à accepter ses offres. Eyvind fit donc ses préparatifs de départ. Il acquit un excellent bateau qui lui convenait. Le roi lui remit des attestations en vue du mariage en question. La traversée fut heureuse et Eyvind arriva dans le Nord, à Alöst, au pays de Sandnes, où lui et ses

    inscription, élevées sur le tertre funéraire des grands personnages ou dressées en souvenir sur le bord du chemin.

  1. Ölvir était, en sa qualité de scalde, très apprécié à la cour du roi.