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si le roi voulait leur donner l’autorisation demandée, ajoutant que souvent ils avaient affronté une lutte périlleuse contre des gens sur lesquels ils avaient moins d’offenses à venger et que le plus souvent ils en étaient sortis vainqueurs.

À l’approche du printemps, on prit les dispositions pour le départ. Derechef Hallvard et son frère vinrent à parler du projet, dont il avait été question, de se mettre en route pour faire périr Thorolf. Le roi leur donna alors l’autorisation de mettre Thorolf à mort. « Je sais, » dit-il, « que, si vous revenez, vous me rapporterez sa tête, comme aussi beaucoup d’objets précieux ; et cependant il y a des personnes qui se disent que, si la voile vous suffit pour aller dans le Nord, il vous faudra la voile et la rame pour en revenir[1].

Ils firent donc au plus vite leurs préparatifs. Ils avaient deux bateaux et une centaine et demie d’hommes. Quand ils furent prêts, le vent du nord-est les poussa hors des fjords ; mais c’était le vent contraire qu’il fallait pour se porter vers le Nord le long des côtes.

22.

Mort de Thorolf.

Le roi Harald séjournait à Hladir à l’époque où Hallvard et son frère prirent la mer. Lui aussi s’apprêta immédiatement et en toute hâte, s’embarqua et s’avança avec force rames dans le fjord par le Skarnssund pour gagner ensuite Eldueid à travers la mer de Beit. Là il abandonna son bateau, passa l’isthme et arriva à Naumudal ; il y saisit de « longs bateaux » appartenant à des böndr[2] et s’embarqua avec ses troupes. Il avait avec lui sa suite et environ trois cents hommes. Il disposait de cinq ou six embarcations, toutes de grandes dimensions. Par un vent contraire très violent, ils ramèrent nuit et jour de toutes leurs

  1. Ce langage est ironique dans la bouche du roi, qui fait allusion à la défaite probable des deux frères et à la nécessité où ils se trouveront de chercher le salut dans une fuite précipitée.
  2. Propriétaires libres.