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contre laquelle il aura à lutter. » Il pria Thorgils de parler à Thorolf dans ce sens : « Je lui conseille, » dit-il, « de quitter le pays ; car il ne lui sera pas impossible de se créer une situation meilleure, s’il se met à la disposition soit du roi d’Angleterre, soit du roi de Danemark ou de Suède. »

Ensuite il remit à Thorgils un « scute » à rames avec tous les objets d’équipement, tels que couvertures et provisions, ainsi que tout ce dont il pouvait avoir besoin au cours de sa traversée. Là-dessus Thorgils partit avec ses hommes et n’interrompit son voyage qu’à son arrivée dans le Nord, chez Thorolf, à qui il exposa les faits qui venaient de se passer. Thorolf envisagea sa perte avec calme, disant que l’argent ne lui ferait pas défaut. « Il n’est pas mauvais d’avoir des intérêts pécuniaires à débattre avec le roi. »

Thorolf acheta alors de la farine, du malt et tout ce qu’il lui fallait pour subvenir à l’entretien de sa troupe. Les serviteurs, disait-il, ne seraient pas aussi bien habillés qu’il en avait eu l’idée dans le temps. Thorolf vendit ses terres, en mit quelques-unes en gage et mena le même train de vie qu’auparavant. Il n’avait pas non plus moins de personnes autour de lui que l’hiver précédent ; il avait plutôt un entourage un peu plus nombreux. De plus, quant aux invitations, ainsi qu’aux festins offerts à ses amis, il s’occupa de toutes ces choses sur une plus grande échelle encore qu’autrefois. Pendant tout cet hiver il vécut chez lui.

19.

Expédition de Thorolf en pays étrangers.
Sa dernière entrevue avec son père.

À l’approche du printemps, lorsque la neige et la glace se mirent à fondre, Thorolf fit mettre à la mer le « long bateau » qui lui appartenait. Il le fit aménager et y plaça un équipage comprenant plus de cent de ses serviteurs. C’était une troupe superbe et brillamment armée. Dès que le vent fut favorable, il se dirigea vers le Sud en côtoyant les terres. À son arrivée dans les parages de Byrda, il s’avança en pleine mer au delà de