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En automne, le roi alla visiter ses propriétés du Hördaland. Or, un beau jour il manda auprès de lui les frères Sigtrygg et Hallvard. Lorsqu’ils arrivèrent en sa présence, il leur ordonna de se mettre en route avec leur troupe et de prendre des informations au sujet du bateau que pilotait Thorgils Gjallandi. « Il est parti en été pour l’Angleterre ; amenez-moi le bateau avec toute sa cargaison, à l’exception des hommes ; laissez l’équipage poursuivre sa route en paix, pourvu qu’il ne cherche pas à défendre le bateau. »

Les deux frères, tout disposés à obéir, prirent chacun un long bateau, se mirent à la recherche de Thorgils et apprirent que celui-ci, venant de l’Ouest, avait fait voile vers les terres du Nord. Ils le poursuivirent dans cette direction et le rejoignirent à Furusund. Le bateau fut vite reconnu. Les uns amarrèrent une de leurs embarcations contre le côté extérieur, tandis que d’autres montèrent sur le rivage et pénétrèrent par les passerelles sur le bateau de Thorgils. L’équipage de ce dernier n’avait aucune appréhension et ne se mit pas en garde. Il ne remarqua rien d’anormal jusqu’au moment où une foule de gens tout armés se pressèrent à bord. Tous furent faits prisonniers et conduits à terre sans leurs armes, ne portant rien qu’un vêtement ordinaire. Les hommes de Hallvard repoussèrent les passerelles, détachèrent le câble et tirèrent le bateau au sec. Ayant ensuite fait demi-tour, ils cinglèrent vers le Sud pour rejoindre le roi à qui ils remirent le bateau et tout ce qu’il contenait. Lorsque la cargaison fut débarquée, le roi constata que c’étaient des objets de grande valeur et que le récit de Harek n’était pas un mensonge. Thorgils et ses camarades trouvèrent une occasion de reprendre la mer. Ils rejoignirent Kveldulf et son fils et racontèrent les contrariétés subies en cours de route. Néanmoins ils reçurent un bienveillant accueil. Kveldulf dit que les choses se passeraient — il en avait le pressentiment — de telle sorte que Thorolf ne serait pas en tous points heureux dans ses rapports d’amitié avec le roi Harald. « Je suis d’avis qu’il ne faut pas attacher une grande importance aux pertes que Thorolf vient d’éprouver, pourvu qu’il n’en résulte pas de plus grands malheurs. Comme jadis, j’appréhende que Thorolf ne sache pas exactement évaluer ses forces vis-à-vis de la supériorité