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cer dans les montagnes tout comme l’hiver précédent. Avec quatre cents hommes ils envahirent le Kirjaland, saccagèrent les établissements dont ils pensaient pouvoir s’emparer grâce à la supériorité du nombre, ravagèrent la contrée et firent du butin. Vers la fin de l’hiver, ils rentrèrent dans le Finnmörk. Au printemps suivant Thorolf retourna chez lui dans sa propriété. Certains de ses hommes allèrent pêcher la morue à Vagar ; d’autres se livrèrent à la pêche au hareng ; et il fit transporter dans sa ferme ces diverses espèces de produits. Thorolf possédait un grand bateau, propre à affronter la haute mer et parfaitement équipé sous tous les rapports ; il était soigneusemert peint au-dessus de la ligne de flottaison et portait une voile bariolée de rayures bleues et rouges. Tout s’y trouvait aménagé au mieux. C’est ce bateau que Thorolf fit apprêter. Il emmena ses serviteurs avec lui, fit charger de la morue, des peaux de bêtes et de blanches marchandises[1] ; il y ajouta de grandes fourrures grises et d’autres produits de ce genre qu’il avait recueillis dans les montagnes. Il y en avait des quantités énormes. Thorolf chargea Thorgils Gjallandi de diriger cette cargaison vers l’Ouest, sur l’Angleterre, en vue d’y acheter des vêtements et autres provisions dont il avait besoin. Ils firent route vers le Sud en longeant les terres ; pour gagner ensuite la haute mer. Ils abordèrent en Angleterre, y firent des marchés avantageux, chargèrent le bateau de froment et de miel, de vin et de vêtements et prirent en automne le chemin du retour. Ils eurent un vent favorable et arrivèrent au Hördaland.

Ce même automne les fils de Hildirid vinrent présenter le tribut au roi. Au moment où ils le remirent, le roi était présent et regardait. Il dit : « Tout le tribut que vous avez recueilli au Finnmörk, est-il livré maintenant ? » « Il l’est, » répondirent-ils. « Le tribut que vous me remettez est à la fois moins considérable et de moindre qualité qu’au temps où Thorolf le faisait rentrer, et vous disiez qu’il s’acquittait peu loyalement de ses fonctions ! »

« Je suis content, ô roi, » reprit Harek, « que vous vous rappeliez l’importance du tribut que l’on retire habituellement du

  1. Probablement des peaux d’hermine.