l’époque où le roi, de retour du Nord, s’en irait dans le Sud. Thorgils équipa un grand et solide bateau de charge et y transporta le trésor. Avec une vingtaine d’hommes il fit voile vers le Sud pour rejoindre le roi qu’il trouva dans l’intérieur du Naumudal. Arrivé en sa présence, il le salua de la part de Thorolf en disant qu’il amenait le trésor de Finlande envoyé par Thorolf. Le roi lui jeta un regard sans mot dire et l’on voyait qu’il était en colère. Thorgils alors s’éloigna, décidé à choisir un meilleur jour pour s’entretenir avec le roi. Il alla trouver Ölvir Hnufa, lui raconta tout ce qui venait de se passer et lui demanda s’il avait quelque idée au sujet de ce que cela voulait dire. « Je l’ignore, » répondit celui-ci, « j’ai observé que, depuis que nous avons été à Leka, le roi garde le silence chaque fois qu’il est fait mention de Thorolf, et j’ai l’idée que celui-ci a été calomnié. Quant aux fils de Hildirid, je sais qu’ils ont eu fréquemment une entrevue avec le roi, et de leurs paroles il ressort qu’ils sont les ennemis de Thorolf. À ce sujet, j’aurai à bref délai des renseignements précis de la part du roi. »
Là-dessus Ölvir alla trouver le roi et lui dit : « Thorgils Gjallandi, votre ami, vient d’arriver avec le trésor qui provient de Finnmörk ; ce trésor vous appartient ; il est beaucoup plus important qu’il ne l’a été autrefois et comprend des marchandises bien meilleures. Thorgils est pressé de terminer son voyage. Ayez donc l’obligeance, ô roi, d’aller voir ; car jamais sans doute vous n’avez eu sous les yeux des fourrures de pareille qualité. » Le roi ne répondit pas, mais se rendit néanmoins à l’endroit où le bateau était amarré. Aussitôt Thorgils déballa les marchandises et les montra au roi. Lorsque celui-ci vit qu’en vérité le trésor était beaucoup plus considérable et meilleur qu’il ne l’avait été autrefois, ses traits se rassérénèrent. Thorgils alors put causer avec lui. Il exhiba au roi quelques peaux de castor envoyées par Thorolf, ainsi que d’autres objets de valeur que celui-ci avait acquis dans les montagnes. Alors le roi se réjouit et demanda des nouvelles du voyage de Thorolf et de ses compagnons. Thorgils lui raconta tout en détail. Ensuite le roi dit : « C’est grand dommage que Thorolf ne me soit pas sincèrement dévoué, qu’il cherche même à me faire mourir. » Là-dessus beaucoup de ceux qui étaient présents jurèrent et tous, dans les