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une très grande réputation. Le roi partit, en automne, pour Thrandheim. Thorolf alors lui demanda l’autorisation de se rendre au Halogaland pour visiter les biens que, l’été précédent, son ami Bard lui avait légués. Le roi y consentit et remit à Thorolf un message et des attestations, déclarant que celui-ci devait recueillir tout ce que Bard lui avait laissé ; il y ajouta encore que cette donation avait été faite avec l’assentiment royal et que tout devait être arrangé en conséquence. Enfin le roi créa Thorolf vassal, lui octroya tous les apanages que Bard avait possédés jusqu’alors et lui conféra la charge des tournées au Finnmörk dans des conditions identiques à celles auxquelles Bard l’avait jadis obtenue. Il lui fit cadeau d’un excellent long bateau avec tous ses agrès et veilla à ce que le départ se fît dans les meilleures conditions.

Ensuite Thorolf se mit en route, après avoir pris congé du roi en parfaite amitié. À son arrivée à Torgar, dans le Nord, il fut bien accueilli. Il parla de la mort de Bard, ajoutant que ce dernier lui avait légué ses terres et biens meubles et qu’il lui avait confié son épouse. Sur ces mots, il exhiba les ordres et l’attestation du roi. Sigrid, à l’annonce de ces nouvelles, éprouva de vifs regrets au sujet de la perte de son époux. Elle savait, d’autre part, que Thorolf, avec qui elle avait jadis fait intime connaissance, était un homme de haute distinction et qu’un mariage avec lui était très avantageux. De plus, puisque c’était le vœu du roi, elle-même, comme ses amis, jugèrent opportun qu’elle fût promise à Thorolf, pourvu que son père à elle n’eût rien à objecter. Là-dessus Thorolf prit en mains toute l’exploitation du domaine et l’administra au nom du roi.

Thorolf conçut le projet d’entreprendre un voyage. Il avait un long bateau et environ soixante hommes. Les apprêts terminés, il fit route vers le nord du pays. Un beau soir il arriva à Alöst, dans le pays de Sandnes, amarra son bateau au port et, après avoir tendu les toiles[1] et tout arrangé, il s’achemina vers la ferme avec vingt hommes. Sigurd le reçut amicalement

  1. En l’absence de danger, quand le bateau était amarré ou lorsqu’il pleuvait, la partie centrale était recouverte de tentes faites d’une toile grossière appelée vadmál.