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peu et il ne leur céda rien de l’héritage paternel. Hildirid était héritière de Högni ; à la mort de celui-ci, elle et ses fils recueillirent ses biens. Ils habitèrent dès lors à Leka et possédaient une fortune considérable. Bard, fils de Brynjolf, et les fils de Hildirid étaient à peu près du même âge. De longue date Brynjolf et Björgolf, le père et le fils, avaient pour mission d’aller au Finnmörk recueillir les tributs[1].

Dans le Nord, au Halogaland, il y a un fjord du nom de Vefsnir. Dans ce fjord se trouve une île grande et fertile appelée Alöst. Là s’élève une ferme du nom de Sandnes, alors habitée par un homme qui s’appelait Sigurd. C’était le plus riche de cette région du Nord ; il était vassal et de grande intelligence. Sigrid, sa fille, apparaissait comme le ineilleur parti du Halogaland. Elle était enfant unique et devait recueillir l’héritage paternel à la mort de Sigurd. Un jour Bard, fils de Brynjolf, partit de chez lui ; il avait avec lui un scute et trente hommes. Il s’en alla vers le nord à Alöst et arriva à Sandnes, chez Sigurd. Bard prit la parole et demanda la main de Sigrid. On fit à sa

    père ou lorsque la mère jouissait d’une certaine réputation, que les enfants ajoutaient à leur nom celui de leur mère.

  1. Les importantes découvertes de monnaies étrangères en Scandinavie — monnaies romaines des Ie et IIe siècles, monnaies byzantines des Ve et VIe siècles, monnaies musulmanes du VIIe siècle — prouvent que de longue date il s’était établi des relations commerciales très actives entre le Nord scandinave et les pays méridionaux. Ce commerce était alimenté en majeure partie par les riches fourrures qui abondaient dans les régions septentrionales, notamment chez les Finnois (dans la Laponie actuelle). De là l’origine de ces expéditions au Finnmörk, terre indépendante jusqu’à l’époque de Harald qui l’annexa à la Norvège, et de là l’imposition de ce tribut dont parlent les sagas. Les Normands y recueillaient les peaux de castor, de zibeline et de martre. Ces échanges étaient régulièrement organisés, en ce sens que le roi de Norvège conférait à un jarl digne de confiance l’administration d’une région frontière de Finlande avec mission de faire rentrer le tribut tous les ans. Par le fait même, il y eut dans ces parages de véritables marchés où très souvent la supériorité du nombre et la force des armes primaient l’offre et la demande. Ce commerce s’étendit rapidement, et de bonne heure les marchands normands rayonnèrent à travers les contrées limitrophes, poussant même leurs pérégrinations jusqu’à la mer glaciale et jusqu’au Bjarmaland, au pied de l’Oural.